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En Afrique du Sud, dans le township de Diepsloot, « le viol fait partie du quotidien »

Près de 40 % des hommes du bidonville situé dans la périphérie de Johannesburg ont admis avoir violé une femme dans les douze derniers mois.

Par  (Johannesburg, correspondance)

Publié le 01 novembre 2017 à 18h49, modifié le 02 novembre 2017 à 10h00

Temps de Lecture 4 min.

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Dans le bidonville de Diepsloot, en périphérie de Johannesburg.

Dans une taverne de Diepsloot, l’un des townships les plus pauvres de Johannesburg, le ton est à la plaisanterie. Lydia et Rose font face à Steeve et discutent de la violence contre les femmes. Un véritable fléau en Afrique du Sud, qui a recensé 49 660 agressions sexuelles en un an, d’après les statistiques criminelles officielles publiées à l’automne.

A la suite d’une plainte de son ex-femme, Steeve, 31 ans, a été condamné à une semaine de travaux d’intérêt général. « Tu aurais dû prendre au minimum cinq ou six mois », le rabroue Rose, 26 ans, enjouée dans son sweat à capuche aux couleurs de l’ANC, le parti de Nelson Mandela. « En même temps, elle s’est permis de me tenir tête. Elle m’a pointé du doigt, j’aime pas ça », tente-t-il de justifier.

La discussion embraye sur la répartition des tâches ménagères. « Il faut que ce soit 50-50 », annonce Lydia, 29 ans, les cheveux rouges mal décolorés. Il amorce : « Oui, mais si on est le seul à trava… » « C’est 50-50, c’est comme ça ! », le coupe Rose. Cette mère célibataire sans emploi est avec son fils de 6 ans qui se tient derrière elle. « Lorsqu’il est mauvais, je le frappe juste un peu, mais jamais avec les pieds », dit-elle, en claquant des doigts.

Le bidonville s’étend à perte de vue et les rues sont pleines de gens qui traînent, le regard suspicieux. Le recensement affiche 165 000 habitants, dont une bonne moitié est au chômage. Mais les associations estiment qu’y vivraient quatre fois plus de personnes, dont 40 % d’étrangers, en grande partie sans papiers.

Diepsloot (« gros trou » en afrikaans) est l’un des épicentres de la violence contre les femmes. Une étude réalisée dans ce township et publiée en octobre 2016 montre que sur 2 600 hommes interrogés, 56 % reconnaissent avoir « violé ou battu » des femmes au cours des douze derniers mois, parmi lesquels 38 % admettent des viols.

Lorsqu’on leur demande si elles aussi, elles ont été victimes de violence domestique, Lydia et Rose rient avec gêne. « Plus maintenant », lâche Rose, avant de changer de sujet. « On est nés là-dedans, justifie Steeve. Ici tout le monde se bat tout le temps ». Il agite les poings. « Et l’alcool, ça nous excite. »

« Changer les hommes »

En retrait, assis sur le billard, Brown Lekekela, la quarantaine, laisse la conversation couler. Il est animateur pour Sonke Gender Justice, une organisation qui travaille à changer les hommes comme Steeve. Il tient des ateliers dans des lieux publics, comme cette taverne, pour convaincre les hommes de modifier leur comportement. « Certains y arrivent, commente Lydia. Mais d’autres, qui viennent à l’atelier dire que l’alcool, c’est mal, on les retrouve le soir complètement saouls se bagarrant avec tout le monde. »

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