Les tortues alligators (Macrochelys temminckii) sauvages sont certes rares dans l'Illinois (Etats-Unis) mais elles n'ont pas toutes disparu. Un groupe de chercheurs de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign a mis la main sur un spécimen, le premier découvert dans cet Etat depuis 1984... et le second seulement depuis 50 ans !
La population de tortues alligators a peu a peu décliné durant le siècle dernier notamment à cause de la construction de barrages. Désormais, l'habitat de ces reptiles est protégé et eux-même sont inscrits depuis 1999 dans l'Illinois Endangered Species Protection Board. En outre, l'espèce a été plusieurs fois candidate pour faire partie de l'Endangered Species Act, une loi fédérale qui protège de nombreuses espèces animales et végétales, mais jusque là sans succès.
Une découverte surprise dans un affluent du Mississippi
Pour tenter de reconstituer la population de tortues alligators dans l'Illinois, une opération de réintroduction de plusieurs spécimens marqués a débuté en juillet 2014. Juste avant l'hibernation, les chercheurs ont récupéré une à une toutes les tortues en octobre 2014. Le 15 octobre, Chris Phillips, un membre de l'équipe manipula un spécimen qu'il pensait être un jeune mâle dont il détectait un signal radio. "J'ai passé ma main sur son dos là où je pensais que la carapace s'arrêtait mais ma main continuait de glisser sur celle-ci", explique dans un communiqué l'herpétologiste. Car le spécimen capturé dans un affluant du Mississippi n'était en réalité pas un jeune mâle mais une femelle deux fois plus grande que lui, et non marquée.
Une femelle capable de contribuer au maintien de la population dans l'Illinois
Selon un article publié par l'équipe de chercheurs, paru seulement en novembre 2017 dans la revue Southeastern Naturalist, l'animal en question pesait, lors de sa découverte 9,95 kilos pour un peu moins de 40 centimètres. Et les scientifiques ont estimé son âge à 18 ans, ce qui en fait une femelle sexuellement mature et donc capable de contribuer à la survie de son espèce. Grâce à un test ADN, les chercheurs ont pu certifier que cette tortue était bien originaire de l'Illinois et n'était pas apparentée aux populations de tortues alligators que l'on retrouve dans les Etats situés au sud des Etats-Unis.
Après l'avoir marqué, les chercheurs l'ont relâché, pleins d'espoirs. "Renforcer la population cachée d'une espèce en danger est mieux que tenter de la réintroduire dans cette zone", reconnaît Ethan Kessler, co-auteur de cette étude. Les chercheurs vont donc devoir redoubler d'efforts pour protéger cette région qui est probablement "le seul habitat accessible et adapté à cette espèce dans l'Illinois", notent les chercheurs dans l'étude.