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Le "Paris" africain de 
Victoria Mann

Victoria Mann
Victoria Mann © Roberta Valerio
Angélique Diomé , Mis à jour le

La jeune franco-américaine récidive. Pour la deuxième année consécutive, Also Known in Africa, la plus grande foire d’art contemporain africain de Paris plante ses 54 drapeaux au Carreau du Temple à Paris.

Qui dit art africain, sait-il de quoi il parle ? Tant il est difficile de mettre dans le même panier un plasticien marocain, un peintre sud-africain et un sculpteur libérien né au Etats-Unis. Rien en commun, sinon un goût d’Afrique quelques part. Victoria Mann appelle cela « les Afriques ». C’est un art contemporain venu du continent, un génie créatif qui se nourrit d’une mémoire commune, collective ou pas, parfois lointaine dans l’espace et dans le temps, et qui se réalise au quatre coins du monde. Un marché dynamique, en témoigne les galeries qui s’ouvrent tous les deux mois en Afrique, et qui se porte plutôt bien. Attention, Victoria Mann n’est pas du genre « arty » à pérorer pendant des heures sur la tessiture d’une toile. Lorsqu’elle nous reçoit dans ses bureaux en plein cœur du quartier latin, elle garde la tête froide. Si la franco-américaine rassemble des commissaires d’expositions, des collectionneurs, galeristes pendant quatre jours autour de cette thématique de l’Afrique, c’est parce qu’il y a là… un business. « Les villes qui investissent dans l’art contemporain Paris, Amsterdam, Lisbonne, Le Cap, Dakar, Lagos, Abidjan, Marrakech, Casablanca ne surfent sur un effet de mode, il y a un marché qui se construit et se stabilise », dit-elle. 

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La première édition a attiré 15.000 personnes

«Royal Generation 02» Keyezua2006
«Royal Generation 02» Keyezua2006 © Victoria Mann

Le grand défi de Victoria Mann est d’avoir voulu à 27 ans, faire de Paris la capitale des arts « d’Afriques ».. Annulé en 2015, pour cause d’attentats, la première édition se tient en novembre 2016 et attire 15.000 personnes en plein cœur d’un Paris branché qui se donne des allures de New-York ou de London. L’art africain s’y installe sous la structure métallique du même Eiffel qui construisit une tour étrange pour célébrer une exposition qui se voulait universelle, mais l’était moins que celle-ci. En 2016, la plupart des œuvres vendues partaient pour 3000 à 5000 euros, des tarifs encore abordables pour des collectionneurs en herbe. Un tableau de Naomi Wanjiku Gakunga, une artiste nigériane part à 25.000 euros. Bingo. Le Centre Pompidou se prend de passion pour une série de Mario Macilau, photographe du Mozambique. « Quand les institutions commencent à acquérir, c’est important », confie Victoria Mann. Encore une preuve que le marché émergent est en pleine expansion.

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Elle s’attend à une nouvelle démonstration de force de la créativité africaine. Au sous-sol, une artiste sud africaine réalise un Happening. Au rez-de-chaussée, tout le monde attend Addis Fine Art, la galerie star basée en Ethiopie –comme son nom l’indique-. Depuis son ouverture début 2016, elle a conquis tous les publics et enchaine les foires. Attendues aussi une nouvelle galerie angolaise « This is not a white cube » et la Sud-africaine « Ebony curated ». « On a un joli équilibre entre artistes établis et émergents », se félicite l’organisatrice de l’événement. Parmi les artistes déjà cotés, elle cite Romuald Hazoumé, Monica Di Miranda, Dominique Zinkpé et Nnenna Okoré. Dans le comité de sélection l’incontournable Simon Njami, directeur de biennale de Dakar, directeur artistique des rencontres de Bamako, d’Africa Remix et Africa Capitales à La Villette a misé sur Alexis Peskine.

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Repéré à la biennale de Dakar en 2016, le jeune artiste a fait été « sold out » pendant la Friz de New York. « Un artiste qui monte en flèche », dixit Victoria. Signe de l’installation de ce marché de l’art africain, Sothebys’ a ouvert l’an dernier un département d’art contemporain africain. La plus ancienne maison de ventes aux enchères du monde s’est associée à l’événement et organise un petit-déjeuner pour les « Happy fews » pour donner son éclairage sur ce marché de moins en moins émergent. Les autres auront droit à un audio-guide financé par le groupe Eiffage.

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