Bataclan. L'émouvant récit d'un écrivain rescapé

Par Propos recueillis par Laurent Guenneugues

Le 13 novembre 2015, l'écrivain Erwan Larher était au Bataclan. Il a dû faire le mort après s'être pris deux balles. Il a sorti un superbe récit dans «Le livre que je ne voulais pas écrire». Il a entamé une tournée de dédicaces en Bretagne.

Erwan Larher a commencé sa tournée de dédicaces hier, par la librairie Mots et images, à Guingamp.
Erwan Larher a commencé sa tournée de dédicaces hier, par la librairie Mots et images, à Guingamp. (Photo Sandrine Herpe)


Après les attentats, vous ne vouliez pas écrire sur ce qui vous était arrivé... Était-ce trop difficile ?
Non, mais j'estimais que c'était un drame personnel, entre moi et moi. Je n'avais pas à en parler à des journalistes, même si j'étais enseveli sous les demandes. Si on creuse un peu, c'était aussi pour des raisons morales et éthiques. Je ne suis pas partisan de l'info en continu, de l'émotion sur grand écran. Je trouvais que ces événements demandaient de l'analyse et de la réflexion.

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Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?
J'écris des romans pour questionner le monde dans lequel on vit, en travaillant la langue, en inventant des histoires. Je me suis aperçu, en renouant avec le monde extérieur, que c'était un drame collectif et pas seulement individuel. Cela pose des questions à la société tout entière : comment peut-elle produire trois jeunes gens qui vont se suicider en faisant le plus gros carnage possible ? Je me suis dit qu'il manquait un discours littéraire. C'est devenu un défi presque professionnel.

Vous vous glissez par moments dans la peau des terroristes... Vous avez eu besoin d'essayer de comprendre comment ils avaient pu en arriver là ?
En fait, je ne me mets pas dans la tête des assaillants, j'invente des assaillants. Je n'ai pas fait de recherches sur eux, je soulève des hypothèses. Les prénoms que je leur donne sont ceux de djinns, ces esprits invisibles maléfiques dans l'Islam.

Sur la forme, pourquoi mixer votre récit avec les témoignages de vos proches ?
Je suis romancier. Je n'avais jamais fait d'autofiction. Et ça ne m'intéresse pas de parler de mon nombril. J'ai eu cette intuition de demander à des proches de raconter ce que c'était pour eux, Erwan au Bataclan. Cela permet d'avoir à la fois un point de vue intime et d'autres extérieurs. Ça donne une place au lecteur.

Deux ans après, y pensez-vous encore souvent ?
Je suis devenu parano : je regarde toujours derrière mon épaule, je ne prends plus le métro, et quand je suis dans le train, je le vois exploser... Enfin, tout ça doit être banal à Tel Aviv. Et ça ne m'empêche pas de vivre.

Vous entamez une tournée bretonne de dédicaces... Une région que vous connaissez bien ?
La famille du côté de mon père est de Morlaix et Plougonven... Je vais d'ailleurs en profiter pour déjeuner avec ma grand-mère qui vit à Morlaix. Et j'ai passé mon adolescence à Quimperlé ! C'est d'ailleurs là que j'ai commencé à aimer le rock : j'achetais mes disques chez le disquaire Melody. C'est super-émouvant de revenir ici.

Dédicaces : mardi 21 novembre, à 17 h 30, à Quimperlé (Les mots voyageurs) ; mercredi 22, à 17 h 30 à Quimper (Fnac) ; le jeudi 23, à 19 h 30, à Rennes (La Nuit des Temps) ; le vendredi 24, à 17 h 30, à Vannes (L'Archipel des Mots).

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