Depuis l’élection présidentielle américaine de novembre 2016, quasiment toutes les consultations qui se sont déroulées dans des pays occidentaux ont connu leur lot de faux comptes plus ou moins automatisés sur les réseaux sociaux, attribués à la Russie. Tour d’horizon des principaux scrutins de l’année écoulée.
Etats-Unis
C’est, de loin, le pays où les tentatives d’influence russe ont été les plus abouties et les plus marquées, d’après les informations communiquées aux commissions américaines d’enquête parlementaire par Google, Facebook et Twitter. Ce dernier estime que plus de 30 000 comptes russes ou pro-russes ont été actifs à la fin de la campagne présidentielle – la plupart ont depuis été désactivés ; ils ont, toujours selon Twitter, publié 1,4 million de messages, affichés 288 millions de fois.
Sur Facebook, les chiffres sont plus réduits en valeur absolue, mais la technique de diffusion était, semble-t-il, mieux rodée. Le premier réseau social au monde a identifié 80 000 messages, sur une durée de deux ans, qui ont été vus par 126 millions de personnes. Il a aussi identifié environ 3 000 publicités, payées en roubles par une agence proche du Kremlin, qui ont été vues par 11,4 millions de personnes ; une opération bon marché : le budget de ces réclames est estimé à environ 100 000 dollars (85 000 euros).
Les messages et les publicités identifiés par Facebook ne concernaient pas tous l’élection présidentielle. Si une part importante critiquaient Hillary Clinton, et si certains soutenaient Donald Trump, la majorité des tweets et des posts Facebook concernés contenaient surtout des messages provocants sur des sujets de société comme l’accueil des réfugiés, l’islam ou les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT).
Royaume-Uni
La situation lors de la campagne du Brexit – le référendum s’est tenu le 23 juin 2016 – a été sensiblement différente. Sur Twitter, une étude menée par des chercheurs de l’université de Californie montre qu’un réseau de 150 000 comptes russes et pro-Poutine se sont mis à publier de nombreux messages dans les deux jours précédant la consultation. La plupart de ces comptes sont en grande partie ou totalement automatisés, estiment les chercheurs.
Aucun chiffre n’a, pour l’instant, été communiqué ni par Twitter ni par Facebook, mais la commission parlementaire britannique qui étudie les tentatives d’influence russes dit avoir transmis des demandes détaillées aux deux sociétés. Facebook a affirmé n’avoir pas, à ce stade, découvert l’existence de campagnes publicitaires russes sur sa plate-forme – sans dire si l’entreprise avait ou non identifié un grand nombre de faux comptes de propagande.
De manière étonnante, les tweets publiés par les comptes russes ne soutenaient pas tous le Brexit. Une partie favorisait le remain, laissant entendre que le but de ces manœuvres était surtout d’accroître les divisions politiques au sein du Royaume-Uni.
Catalogne
L’Espagne a annoncé cette semaine avoir transmis des protestations formelles à Moscou et accuse la Russie – et le Venezuela – d’avoir mené une campagne d’influence sur les réseaux sociaux pour soutenir les partis indépendantistes catalans. Le ministre espagnol des affaires étrangères, Alfonso Dastis, a affirmé détenir des preuves de l’existence de cette campagne, sans préciser lesquelles, ni donner d’estimations de son ampleur.
Il a expliqué que Madrid avait repéré un grand nombre de faux comptes sur plusieurs réseaux sociaux, liés pour la moitié à la Russie et pour 30 % d’entre eux au Venezuela, qui relayaient des messages favorables à l’indépendance de la Catalogne dans les semaines qui ont précédé le référendum du 1er octobre.
France
Facebook a annoncé, en avril, avoir supprimé environ 30 000 comptes qui diffusaient de fausses informations de nature politique – mais sans préciser s’ils étaient tous ou en partie liés à la Russie.
Sur Twitter, la publication, le 5 mai, de courriels issus de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron – soit deux jours avant le second tour de la présidentielle – a été abondamment relayée dans un premier temps par l’extrême droite américaine, avant que ceux-ci soient également diffusés par WikiLeaks puis des comptes pro-russes.
Allemagne
C’est une exception dans le paysage des élections récentes. En Allemagne, où les services de renseignement ont mis en garde durant les mois précédent les élections législatives de septembre contre de potentielles tentatives d’influence russe, aucune tentative d’ampleur n’a été constatée sur les réseaux sociaux, de l’avis de tous les experts comme du gouvernement. Et ce, malgré plusieurs signaux – tentatives de piratages visant les députés, enregistrements de noms de domaine semblant destinés à accueillir des documents piratés. Mais aucun contenu n’est jamais apparu sur ces sites.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu