La Cour suprême du Cambodge a annoncé le 16 novembre la dissolution du principal parti d’opposition, le Parti de sauvetage national du Cambodge (PSNC).

La Cour a également interdit à 118 membres du parti, dont les deux coprésidents Kem Sokha et Sam Rainsy, d’exercer toute activité politique durant cinq ans.

Selon The Phnom Penh Post, cette décision marque un “tournant majeur, moins d’un an avant les prochaines élections”.

Pour un observateur, cité par le journal, elle constitue “l’aboutissement d’une longue série de tentatives du gouvernement et du parti au pouvoir pour venir à bout du défi inédit représenté par l’opposition.”

Depuis le 3 septembre, le président du parti Kem Sokha est emprisonné pour trahison. Le gouvernement l’accuse, lui et le parti, “d’avoir tenté de mettre en place une révolution de couleur avec l’aide des États-Unis et de l’Union européenne”.

Ces accusations, certes nouvelles par leur férocité et leur caractère paranoïaque, arrivent au terme de cinq années de pression” sur le parti, et s’expliquent par “les gains inattendus du PSNC aux élections législatives de 2013”.

Espoir de changement, menace pour le pouvoir

Le PSNC a été formé en 2012. Il résulte d’une fusion du parti de Sam Rainsy et du parti des droits de l’homme emmené par Kem Sokha. Cette fusion a permis à la nouvelle formation politique de constituer une force crédible catalysant les espoirs d’un électorat avide de changement, alors que le Premier ministre Hun Sen occupe ce poste depuis 1985. (Lui et son entourage sont régulièrement accusés de corruption par des organisations internationales.)

Aux élections législatives de 2013, le PSNC a remporté 55 sièges, soit 13 sièges de moins que le parti du peuple cambodgien (PPC), formation qui, sous différentes formes, domine la vie politique depuis 1979. Le PSNC a d’ailleurs contesté les résultats, accusant de fraudes la commission électorale. L’opposition a confirmé sa capacité à mobiliser les électeurs lors des élections communales de juin dernier, où elle a enregistré des gains importants.

Depuis 2013, souligne le journal, “un effort concerté a commencé pour affaiblir, petit à petit l’opposition.”

Les deux présidents du parti ont été successivement la cible d’accusations en tout genre, Kem Sokha étant notamment accusé d’adultère. Sam Rainsy a démissionné au début de l’année et a quitté le pays pour fuir les poursuites. Les membres du parti ont été également la cible de harcèlement. Et deux parlementaires ont été battus en 2015 par des membres de l’unité des gardes du corps du Premier ministre.