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En Israël, une femme renonce à poursuivre son mari pour violences, en échange du divorce

Selon la loi juive, le consentement du mari est indispensable pour qu’un divorce soit prononcé. Pour obtenir cette autorisation, une jeune femme a dû accepter de retirer une plainte pour violences contre son époux. Une ONG de défense des droits des femmes s’est emparée de son cas.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 17 novembre 2017 à 06h25, modifié le 17 novembre 2017 à 06h25

Temps de Lecture 3 min.

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Mariage religieux ultraorthodoxe à Jérusalem, en 2014.

LETTRE DE JÉRUSALEM

« Evénements du passé ». L’expression semble neutre, factuelle, distancée. Pour S., elle est abjecte. Ces trois mots figurent pourtant dans les documents d’un divorce religieux – le guet – prononcé par le tribunal rabbinique de Jérusalem. Les « événements du passé » font référence aux violences, notamment sexuelles, dont la jeune femme haredi (ultraorthodoxe) aurait été victime de la part de son époux, jusqu’à leur séparation officielle en février 2016. Selon la loi juive, le consentement du mari est indispensable pour que le divorce soit prononcé, même si le tribunal peut contraindre un homme à l’accorder, sous peine d’emprisonnement.

Celui de S. ne l’a accepté qu’à une condition, validée par le tribunal rabbinique : l’épouse devait renoncer à toute plainte en justice pour les crimes dont elle l’accusait. La liberté, contre l’immunité pour l’homme violent. Selon la victime, le rabbin qui présidait le tribunal les a fortement poussés, elle et son avocat de l’époque, à ne changer aucun terme de l’accord, pour ne pas le remettre en question. Les juges ont aussi demandé à ce qu’elle mette un terme à la procédure engagée parallèlement au civil, sur les conditions du divorce, en invoquant la supériorité de la Halakha, la loi juive.

S. est une femme de 30 ans, mère de deux enfants, vivant dans une ville du centre d’Israël. Impossible d’être plus précis : elle craint une vengeance de sa communauté, très conservatrice. Après le divorce, elle s’est réfugiée chez sa mère. Elle travaille comme psychothérapeute auprès d’enfants en difficulté d’apprentissage.

S. avait accepté l’obligation de se taire, imposée par le tribunal, parce que sa priorité était de briser enfin les chaînes qui la reliaient à son ex-époux, qu’elle qualifie d’« homme malade ». Mais lorsque l’organisation non gouvernementale Mavai Satum a appris les conditions de cette séparation, elle a poussé S. à contester la stratégie des rabbins.

Chape de plomb

Cette ONG se bat depuis des années pour défendre les droits des femmes auxquelles les maris refusent le divorce. Il ne s’agit pas forcément de couples ultraorthodoxes, puisqu’il existe un monopole religieux sur cette procédure, comme sur le mariage et la conversion au judaïsme. Les tribunaux civils ne se prononcent éventuellement que sur la garde des enfants et le partage des biens.

Au total, l’ONG gère environ 200 dossiers, pour des laïcs et des haredim. Batya Kehana-Dror, la directrice de Mavai Satum, mène le combat à la fois devant les tribunaux et dans l’arène politique, pour convaincre les députés de changer la législation. Récemment, elle a même déposé sa candidature au ministère de la justice pour devenir directrice générale des tribunaux rabbiniques et changer le système de l’intérieur.

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