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Rassemblement national

Soupçons de harcèlement sexuel envers un député FN: trois anciens assistants décident de porter plainte

Les députés du FN à l'Assemblée nationale.

Les députés du FN à l'Assemblée nationale. - Thomas Samson - AFP

Deux d'entre eux ont témoigné dimanche à la télévision. Ils ont annoncé ce jeudi vouloir engager une procédure contre l'élu, dont ils ont choisi de taire le nom jusqu'à l'enregistrement de la plainte.

Après avoir témoigné dans un premier temps, ils ont décidé de porter plainte. Mickaël Ehrminger et Alexandre Benoit, anciens assistants ayant travaillé pour le Front national, accusent un député frontiste de harcèlement sexuel. Dans l'émission C Politique de France 5 diffusée dimanche, tous deux ont dénoncé les gestes et commentaires qu'ils reprochent à l'élu, ainsi que "menaces" et des "pressions" à leur encontre pour tenter de les empêcher de témoigner. Ce jeudi, un troisième homme a pris la parole et accuse la même personne.

"J'ai décidé, avec deux autres personnes, de déposer plainte", a écrit sur son compte Twitter Aloïs Navarro, actuel assistant parlementaire de l'eurodéputée Sophie Montel, accompagnant son message du hashtag "balance ton porc". Cette proche de Florian Philippot a quitté le FN quelques semaines avant lui, après avoir été débarquée de sa fonction à la tête du groupe FN à la région Bourgogne-Franche-Comté. Alexandre Benoit était lui aussi son assistant parlementaire, du temps où elle était au FN.

"C'est un secret de polichinelle"

"Je pense que c'est le moment de porter plainte, de montrer aux gens que ce n'est pas normal, car ils sont plus attentifs", explique Mickaël Ehrdinger, contacté par BFMTV.com, précisant que le mouvement "balance ton porc" l'a aidé à se décider. Il a prévu de consulter un avocat en compagnie des deux autres personnes qui accusent officiellement l'élu et espère que la plainte pourra être déposée dans les prochains jours.

Mickaël Ehrminger a travaillé pour le FN de 2011 à 2013, puis pendant la campagne présidentielle, de 2016 à 2017. Il explique avoir très tôt dénoncé les agissements du harceleur présumé en interne, sans jamais avoir été entendu, affirmant que ces comportements ont commencé dès leur première rencontre. "C'est un secret de polichinelle", estime-t-il. Pour le moment, les futurs plaignants ne souhaitent pas dévoiler le nom de la personne visée, mais le feront dès que la plainte sera enregistrée. 

"A titre personnel je n'attends rien de cette plainte", explique le jeune homme. "Je le fais surtout pour que les gens concernés également en parlent et obtiennent justice". 

Philippot récuse la thèse de la vengeance politique

Mardi, alors qu'il était interrogé au sujet des témoignages d'Alexandre Benoit et de Mickaël Ehrdinger, Louis Aliot, vice-président et député du parti, a appelé à ne pas tomber dans "la caricature permanente, où les gens s'accusent les uns les autres sans que la justice soit d'abord saisie". Il a dénoncé le fait que "les dires d'un ancien assistant qui tweete des choses antisémites" soient pris pour argent comptant. 

Les auteurs du reportage diffusé sur France 5 dimanche précisaient que le FN envisage ces témoignages comme une vengeance politique de l'entourage de Florian Philippot, dont font partie les trois futurs plaignants. Une lecture que récuse le principal intéressé.

"Ces trois personnes font ce qu'elles estiment juste. Cela n'a rien à avoir avec une vengeance politique ou avec les Patriotes", explique l'ancien vice-président du FN à BFMTV.com, évoquant de la part du parti "un mode de défense qui consiste à se victimiser, à côté de la plaque". 

"La mode est à la dénonciation"

"On ne peut pas empêcher les gens de porter plainte", réagit Wallerand de Saint-Just ce jeudi, contacté par BFMTV.com. Mais le trésorier du FN et vice-président de la commission des conflits prévient: "Si ces accusations ne sont pas fondées les réactions seront violentes. Les gens qui déposent ce genre de plainte doivent être sûrs d'eux-mêmes".

"La mode est à la dénonciation des responsables politiques, mais ça peut être extrêmement grave", conclut-il. 

Charlie Vandekerkhove