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Politique

Tweet de Filoche : Macron encore victime de la haine anti-capitaliste et de l’antisémitisme

Le tweet de Gérard Filoche n'est pas le premier dérapage de politiques critiquant le président Emmanuel Macron. La même dialectique se répète chez certains opposants.

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Emmanuel Macron le 9 octobre 2017

Ce n'est pas la première fois que des adversaires politiques attaquent Emmanuel Macron avec la même dialectique.

LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Figure éminente de la gauche dite "de gauche", jadis militant de la trotskyste Ligue Communiste Révolutionnaire, celle d’Alain Krivine, Daniel Bensaïd ou Henri Weber où il côtoya bien des "camarades" d’origine juive, Gérard Filoche est sur le point d’être viré du PS en raison d’un antisémitisme forcené. Oui, forcené, et nous n’exagérons rien. De quoi s’agit-il? Sur son compte Twitter, Gérard Filoche a publié un montage photographique visant à dénoncer la nocivité d’Emmanuel Macron; non pas seulement de la politique qu’il conduit, mais du personnage lui-même, de sa nature, de sa psychologie, de son caractère. Une sorte de monstre que les Français ont pris le risque d’installer à l’Élysée. Forçons-nous le trait? Non, en rien. "Un sale type, précise Gérard Filoche, et les Français vont le savoir tous ensemble bientôt". Le problème? Au delà même de la violence langagière, Filoche- désormais "tout à fait désolé", cela va de soi et s’empressant de supprimer le tweet scandaleux de son compte - a utilisé l’ensemble des codes et clichés de l’antisémitisme le plus éculé. Rien n’y manque.

Macron, maître du monde le bras gauche est ceint d’un brassard nazi- à ceci près qu’un dollar supplante la croix gammée. Dans l’ombre, trois personnages qui tirent les ficelles, utilisent et manipulent Macron leur "chose" - un banquier, le britannique Jacob de Rothschild, un chef d’entreprise, le franco-israélien Patrick Drahi et un essayiste, Jacques Attali. Trois juifs. Trois juifs qui "tiennent" le président de la République et donc la France toute entière, ce pays sous "tutelle judéo-capitaliste" si l’on décode (sans grande difficulté convenons-en) la "pensée Filoche". Et en fond d’écran, deux drapeaux, ceux des Etats-Unis et d’Israël, évidemment, les véritables "patrons" de la "marionnette" Macron.

 

 

Une grande gueule devenue un problème pour le PS

On croirait lire Rivarol, le torchon nostalgique de Pétain et de la collaboration. Ou "Égalité&Réconciliation", le site négationniste et antisémite de l’activiste Alain Soral, complice de Dieudonné. Des journalistes découvriront rapidement que ce montage a en effet été emprunté à… "Égalité&Réconciliation", que Soral a déjà été convoqué pour cette raison devant le tribunal de grande instance de Paris. Mais l’affaire prend une toute autre ampleur puisqu’il il s’agit du compte Twitter d’une personnalité, d’un responsable, de la gauche démocratique et républicaine invité pour sa "grande gueule" sur tous les plateaux de télévision. Comment dès lors ne pas être saisi par une sorte d’effroi? Les socialistes ne se sont d’ailleurs pas détournés du "problème" Filoche, ils l’ont aussitôt affronté, vite et sans barguigner.

L’ex-ministre Juliette Méadel, d’une apostrophe: "ignoble Gérard Filoche". L’ex-ministre Matthias Fekl, moins concis mais tout aussi clair: "le tweet de monsieur Filoche est directement inspiré de l’imaginaire rouge-brun, complotiste et antisémite. C’est un message ignoble. Il appelle l’exclusion immédiate de son auteur". 

Citons, pour le principe, la défense de Filoche, usuelle en ce genre de situation, radoteuse, par avance écrite et rabâchée… Après avoir précisé qu’il n’était pas au courant de la publication sur son compte du tweet antisémite, il a dénoncé "la cabale en meute" dont il serait la malheureuse victime et tenu à préciser, évidemment, qu’il n’est pas antisémite, que l’antisémitisme lui fait horreur, que sa vie militante en fournit la preuve pour conclure d’une formule qui se veut maligne: "on veut faire croire que je suis un rouge-brun. C’est faux. Je suis un rouge-rouge". C’est peut être habile; ça ne diminue en rien l’ultra violence, l’ultra antisémitisme de ce tweet.

Un phénomène récurrent pour Macron

Pour autant l’affaire Filoche mérite-t-elle qu’on s’y appesantisse? Faut-il multiplier les commentaires aussi indignés qu’attérés? Sans doute pas, mais il n'en reste pas moins nécessaire de souligner un fait par trop passé inaperçu: Emmanuel Macron a déjà subi des mises en cause certes moins dégueulasses mais du même acabit politico-culturel. Il n'était pas de bon ton de s'en offusquer car les "délinquants" idéologiques appartiennent au "beau monde"- ce qui n'est pas le cas de Filoche le braillard. Le sacrifier, lui, une sorte de Coluche du pauvre d'un PS mourant, ne coûte quasiment rien à personne.

Quand il est nécessaire d'évoquer les dérapages anti-Macron de Laurent Wauquiez prochain leader de la droite, de Nicolas Dupont-Aignan ex-candidat à l’élection présidentielle et blanchisseur en chef de Marine Le Pen, de Henri Guaino jadis "conseiller spécial" de Nicolas Sarkozy, ou d’une éditorialiste en vogue du Figaro qui se réclame parfois du Chevénementisme, les plumes soudain, se font moins incisives et accusatrices.

Qu’on nous autorise une double remarque: les exégètes du capitalisme savent depuis bien longtemps que sa contestation et sa dénonciation hystériques se sont souvent accompagnées d’un antisémitisme virulent. La preuve aujourd’hui encore par Filoche. Vieille antienne utilisée tant par l’extrême-droite que l’extrême-gauche: les juifs/l’argent/la banque/le (grand) capital/la symbolique Rothschild… Il n’est pas de bon ton de relever, je le sais, que, depuis la campagne présidentielle et même avant, une dialectique de ce type s’est mise en place pour combattre Emmanuel Macron. Jusque "l’excrément" diffusé par Filoche, chacun a préféré ignorer le phénomène, pourtant préoccupant puisque frappant cette fois nos "élites".

Le fantasme Rothschild

Négligeons le dessin antisémite [Macron avec un nez crochu] publié quelques heures sur le site de LR (Les Républicains) avant d’être prestement retiré- un comportement à la Filoche… Mais que veulent dire précisément, explicitement, Wauquiez, Dupont-Aignan, Guaino ou l’éditorialiste star du très bourgeois Figaro quand ils accusent pèle-mêle le chef de l’état d’incarner "l’anti-France", de ne "pas aimer la France et les Français", de ne "rien connaître à la province", de n’être rien d’autre qu’un "banquier d’affaires" (sous-entendu un Rothschild boy, le fantasme Rothschild ne disparaîtra donc jamais?…), de "sacrifier les intérêts de la France à ceux de l’Europe", etc? Disons-le et redisons-le sans le moindre plaisir, bien au contraire avec tristesse: c’est précisément le langage, les mots, le vocabulaire de l’extrême-droite factieuse des années 30, celle qui, plus tard, versera dans la collaboration et… l’antisémitisme.

Gérard Filoche en effet ne mérite que mépris et bannissement politiques. Ce sera fait puisque ses (ex)-camarades ne manqueront pas de l’exécuter politiquement dans les jours qui viennent. Pour autant ne soyons pas dupes: il en est d’autres - convenables et propres sur eux, au moins aussi dangereux pour notre santé mentale et politique collective que le dénommé Filoche Gérard. Intéressons-nous à eux, il serait temps.

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