Les études se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que le débat est toujours aussi vif sur la ré-homologation de l'herbicide glyphosate dans l'Union européenne, les scientifiques apportent de l'eau au moulin. Une nouvelle étude, réalisée au Etats-Unis et publiée dans le Journal of the National Cancer Institute (1) , ne relève pas de lien significatif entre l'utilisation de l'herbicide et l'apparition de cancer.
Les chercheurs ont été financés par l'institut américain du cancer et l'Institut national des sciences de la santé environnementale, en collaboration avec l'Agence de protection de l'environnement (EPA) des Etats-Unis et l'Institut national pour la sécurité et la santé au travail (NIOSH). Ils ont mis à jour les résultats de la cohorte nationale connue sous le nom de l'Agricultural Health Study (2) (ASH). L'ASH suit depuis 1992, plus de 89.000 agriculteurs américains qui, par des questionnaires, témoignent de leurs pratiques et des maladies survenues. Déjà en 2005, l'ASH concluait à l'absence de lien entre l'utilisation du glyphosate et l'apparition de cancer en se basant sur 2.088 cas de cancers survenus entre 1992 et 2001. Le suivi jusqu'en 2012 (7.290 cas de cancers au total) ne remet pas en cause la conclusion initiale de l'étude.
Un financement participatif pour réaliser une nouvelle étude
Ce 21 novembre, d'autres chercheurs se mobilisent en lançant un financement participatif. Objectif ? Réaliser une étude globale sur les herbicides à base de glyphosate, tout en révélant que la phase préliminaire de l'étude a montré qu'ils ont été capables de perturber le génome des bactéries colonisant les rats. Et ce, à la dose actuellement considérée comme sans danger par l'EPA des Etats-Unis. A la barre, l'institut italien Ramazzini qui garantit l'indépendance de l'étude qui sera réalisée par des chercheurs d'instituts européens et américains. "Quel que soit le résultat de l'étude approfondie, le CIRC, l'EFSA et l'EPA disposeront de résultats sûrs et indépendants sur lesquels fonder une évaluation correcte", vante le docteure Fiorella Belpoggi de l'institut Ramazzini, qui entend collecter les 1 million d'euros requis pour étudier la cancérogénéité, les effets multigénérationnels, les effets perturbateurs endocriniens et la toxicité du glyphosate.