De l’Île-de-France aux Antilles pour rapporter l’électricité aux sinistrés d’Irma

Enedis a dépêché 25 salariés volontaires de l’ouest francilien pour prêter main-forte aux techniciens d’outre-mer après le passage de l’ouragan. Une expérience humaine forte au-delà du rétablissement de l’électricité.

 Thierry Caoudal (à droite), chef d’agence à Nanterre et Frederic Renkin (à gauche), chef de pôle à Carrière-sous-Poissy (Yvelines), ont passé trois semaines chacun en intervention. Ils racontent.
Thierry Caoudal (à droite), chef d’agence à Nanterre et Frederic Renkin (à gauche), chef de pôle à Carrière-sous-Poissy (Yvelines), ont passé trois semaines chacun en intervention. Ils racontent. (LP/F.H.)

    Il a encore des cernes sous ses yeux bleu lagon qui trahissent les longues journées à réparer les réseaux arrachés par la colère d'Irma. Thierry Caoudal, chef d'agence Enedis à Nanterre, est rentré en métropole depuis quelques jours, après trois semaines d'intervention aux Antilles. « Une aventure humaine », souffle le spécialiste de la distribution d'électricité.

    Du 30 août au 12 septembre, l'ouragan Irma a frappé de plein fouet les Antilles, suivi de la tempête Maria. Quelques jours plus tard, les premières équipes d'Enedis, gestionnaire du réseau d'électricité en France, sont venues renforcer celles d'EDF-SEI (Outre-Mer). Dont 25 agents de l'ouest francilien, venus des sites de Carrières-sous-Poissy, Magnanville, Maurepas et Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), Montmagny (Val-d'Oise), Nanterre et Arcueil (Val-de-Marne), et mis à l'honneur ce lundi par l'entreprise dans un événement interne à Puteaux.

    (Enedis.)

    « On devait intervenir sur des réseaux dégradés, avec des câbles à terre, des poteaux descellés, des gravats devant les coffrets »

    L'occasion pour Thierry Caoudal de raconter cette expérience à Saint-Martin. « C'est la quatrième fois que je pars en FIRE (Force d'intervention rapide électricité) aux Antilles », précise-t-il, rappelant que le dispositif a été créé après la tempête de 1999 sur le sol métropolitain. « Nous sommes sollicités selon nos compétences et sur la base du volontariat par le directeur des opérations, reprend-il. Nous devions sécuriser les réseaux et dépanner les habitants, au moment où les Saint-Martinois revenaient chez eux et découvraient leur maison et les dégâts ».

    Les conditions de travail étaient pénibles et Thierry Caoudal admet que la troisième semaine a semblé longue à tous les intervenants. « La température oscillait entre 28 et 35 degrés. On devait intervenir sur des réseaux dégradés, avec des câbles à terre, des poteaux descellés, des gravats devant les coffrets, raconte le chef d'agence de Nanterre. On travaillait de 7 heures à 18 heures, six jours sur sept. »

    (Enedis.)

    La fatigue était accentuée, pour les techniciens par les équipements de sécurité qu'ils doivent porter, y compris le casque, malgré la chaleur. « Pour vingt-cinq hommes, on a embarqué soixante-six sacs, soit 1,3 t de matériel », compte Thierry Caoudal. Les interventions ont également été interrompues par quelques orages tropicaux.

    « Le soir, quand on rétablit l'électricité, c'est un vrai moment de bonheur »

    Frédéric Renkin, chef de pôle à Carrière-sous-Poissy (Yvelines) et qui est intervenu en Guadeloupe, s'en souvient : « la route des Mammelles, au sud de l'île, était inutilisable. La rivière avait débordé, c'était très impressionnant. » Lui intervenait pour la première fois en urgence dans les DOM-TOM et décrit aussi un engagement permanent. « On arrive en première ligne, juste derrière les pompiers, raconte-t-il. Quand on est arrivé le système d'eau était à genoux car le groupe électrogène était en panne. On est intervenu pour réparer les pompes et rétablir l'eau potable. »

    Malgré la fatigue, les deux hommes sont prêts pour une nouvelle expédition. « Aider nos collègues, ça fait partie de notre job et on doit assurer un service public », souligne Thierry Caoudal. Et le soulagement des populations sinistrées est également très gratifiant. « Le soir, quand on rétablit l'électricité, c'est un vrai moment de bonheur », sourit Thierry Caoudal. Les professionnels assurent qu'il y a deux ans de travail pour remettre tous les réseaux en état.