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Trump apporte son soutien à un candidat au Sénat accusé de harcèlement sexuel

Roy Moore est mis en cause pour des faits visant des mineures. « Il dit que cela ne s’est pas produit. Et, vous savez, vous devez l’écouter aussi », a affirmé le président américain aux journalistes.

Par  (Washington, correspondant)

Publié le 22 novembre 2017 à 02h15, modifié le 22 novembre 2017 à 02h15

Temps de Lecture 4 min.

Donald Trump devant les journalistes à la Maison Blanche, mardi 21 novembre.

Donald Trump est sorti de son silence, mardi 21 novembre, en apportant son soutien à Roy Moore, le candidat républicain à l’élection sénatoriale partielle qui se tiendra le 12 décembre dans l’Alabama. Ce dernier est mis en cause pour des attouchements et des faits de harcèlement sexuel visant des mineures remontant plusieurs décennies en arrière.

Quelques minutes avant d’embarquer à bord de l’hélicoptère Marine One en direction de la base d’Andrew, puis de son club de luxe de Mar-a-Lago, en Floride, où il passera les fêtes de Thanksgiving, le président a choisi d’attaquer vivement l’adversaire démocrate du républicain, Doug Jones. « Nous n’avons pas besoin d’un libéral [au Sénat], un démocrate (…) On n’a pas besoin de quelqu’un qui sera mauvais sur le crime, mauvais pour la frontière [avec le Mexique], mauvais pour les militaires, mauvais pour le deuxième amendement [concernant la possession et le port d’armes] », a assuré M. Trump. Plus de 1 200 kilomètres séparent l’Alabama du Mexique.

Pendant dix jours, Donald Trump s’était abstenu d’évoquer la controverse concernant Roy Moore. Le président des Etats-Unis s’était retranché jusqu’à présent derrière les déclarations de sa porte-parole, Sarah Sanders, qui indiquait jusqu’à mardi qu’il revenait aux électeurs de cet Etat sudiste de trancher. La majorité républicaine au Sénat ne tient qu’à deux voix.

« Il le nie totalement »

Interrogé à propos des faits reprochés au candidat, le président a décidé de privilégier sa parole, alors qu’il a démenti en bloc les accusations portées contre lui, par rapport à celle de la demi-douzaine de victimes présumées. « Il le nie totalement », a-t-il dit à neuf reprises. « Il dit que cela ne s’est pas produit. Et, vous savez, vous devez l’écouter aussi », a poursuivi M. Trump. Deux jours plus tôt, sa porte-parole avait pourtant jugé « troublantes » les accusations initialement rapportées par le Washington Post, étayées depuis, y compris dans la presse locale, par un faisceau d’éléments attestant de l’intérêt porté à l’époque par Roy Moore aux jeunes filles.

En décidant d’appuyer ainsi le candidat républicain, le président, qui est en théorie le chef du Grand Old Party, a fait le choix de son aile radicale contre sa direction. Cette dernière a en effet pris ses distances avec Roy Moore en coupant notamment son financement de campagne sans être pour autant en mesure, à quelques semaines seulement du vote, de lui substituer un autre prétendant. Soutenu par l’ancien conseiller stratégique de la Maison Blanche, Stephen Bannon, entré dans une guerre ouverte contre cette même direction, Roy Moore peut en revanche compter sur l’appui du Parti républicain de l’Alabama, et des conservateurs religieux qui ont multiplié les plaidoyers, y compris en s’appuyant sur des lectures contestables de la Bible, pour justifier leur position.

Chrétien fondamentaliste revendiqué, l’ancien juge de 70 ans est depuis longtemps un personnage particulièrement controversé. Défenseur de la théorie du complot selon laquelle l’ancien président démocrate Barack Obama n’est pas un citoyen américain et qu’il n’aurait jamais dû être élu, il a aussi estimé possible que les attentats du 11-Septembre soient un châtiment divin. Elu président de la Cour suprême de cet Etat conservateur, Roy Moore a enfin dû renoncer à deux reprises à ses fonctions à la suite de conflits avec sa hiérarchie.

Chute brutale dans les intentions de vote

En 2003, il a été limogé une première fois pour avoir refusé de retirer une stèle monumentale représentant les Dix Commandements qu’il avait fait installer dans le bâtiment où siégeait la Cour suprême. Ce choix avait été considéré comme incompatible avec le premier amendement de la Constitution américaine garantissant la liberté religieuse. Douze ans plus tard, après avoir été réélu dans les mêmes fonctions, Roy Moore a de nouveau créé une polémique en refusant d’appliquer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis légalisant le mariage homosexuel.

Lors de la primaire républicaine, en septembre, Donald Trump avait apporté son soutien au candidat adoubé par le Grand Old Party, Luther Strange, sans succès. Alors que Roy Moore a appelé à la démission le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, et que la quasi-totalité des élus lui ont retiré leur soutien, celui du président risque donc d’exacerber les tensions. Il n’est d’ailleurs pas sans risque : les accusations visant le candidat ont entraîné une chute brutale dans ses intentions de vote mesurées par les instituts de sondage, où il est devancé par Doug Jones. En insistant lourdement comme il l’a fait mardi sur les marqueurs conservateurs, M. Trump veut juguler cette déperdition.

Ancien juge de district, démocrate modéré favorable aux compromis bipartisans, Doug Jones diffuse désormais des publicités de campagne qui citent les prises de positions très fermes de nombreux élus républicains et de la propre fille du président, Ivanka. Sa victoire constituerait un véritable séisme dans un Etat où M. Trump l’avait emporté avec plus de vingt points d’avance lors de l’élection présidentielle et compliquerait la tâche des républicains au Congrès avant les élections de mi-mandat, en novembre 2018.

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