Ne les appelez pas "clones" mais "reclones". Des chercheurs sud-coréens ont annoncé la naissance de 3 chiots clonés à partir de cellules provenant de Snuppy, un chien qui avait lui-même été cloné en 2005. Ils ont également comparé la santé de Snuppy avec celle de son "modèle" afin de détecter d'éventuels effets délétères du clonage.
Un clone pas plus fragile que son modèle
Le clonage, technique aboutissant à la création d'un animal génétiquement identique à un autre, est désormais bien connu. "Cependant, la question du vieillissement accéléré des animaux clonés reste encore sans réponse", notent les chercheurs dans une étude publiée le 10 novembre 2017 sur le site Scientific Reports. Pour répondre à celle-ci, les scientifiques de l'université nationale de Séoul ont comparé la longévité et la santé de Snuppy, le 1er chien au monde à avoir été cloné et du lévrier Afghan Tai, son "donneur cellulaire". Snuppy était né en 2005 grâce à l'utilisation in vivo d'ovocytes matures.
Snuppy et Tai sont tous les deux morts des suites d'un cancer respectivement à 10 et 12 ans ce qui correspond à l'âge de vie moyen des lévriers Afghan qui est de 11,9 ans. Tai a été euthanasié après détection d'un hémangiosarcome, "une tumeur cancéreuse très agressive se développant à partir de certaines cellules d’origine vasculaire", comme l'indique le Dr Hernandez sur le site du centre hospitalier vétérinaire Frégis. Snuppy, son clone, a été traité dès 9 ans suite à la détection d'un cancer. Il succombera à cette maladie 1 an plus tard.
Les cancers sont particulièrement courant chez les chiens et bien que le développement d'une tumeur est multifactoriel, certaines races semblent y être prédisposées ce qui démontre une cause génétique. Ainsi, 30,8 % des lévriers Afghans décèdent des suites d'un cancer. Pour les chercheurs, que Snuppy en ait développé également un ne traduit donc pas une quelconque fragilité due à son statut de clone.
3 "reclones" en parfaite santé pour le moment
Par ailleurs, les chercheurs ont réussi à cloner Snuppy permettant la naissance de 4 chiots. Malheureusement, quelques jours après, l'un d'entre eux est décédé, des suites d'une violente diarrhée. "La mortalité périnatale chez les chiens est relativement commune et se produit dans 13,3 % à 24,6 % des cas par portée. Donc la mort de l'un de nos chiots 'reclonés' est représentative de ce qu'il se produit communément dans une portée de chiots conventionnelle", expliquent les chercheurs dans l'article. Les auteurs affirment que lors de la rédaction de l'article, les chiots restant étaient en bonne santé et âgés de 9 mois.
Pour les scientifiques sud-coréens, "le suivi clinique et moléculaire de ces 'reclones' tout au long de leur vie fournira une occasion unique de comparer la santé et la longévité de ces animaux avec celles des donneurs". Si les chercheurs semblent si satisfaits, c'est parce-que le clonage des chiens est particulièrement compliqué en comparaison de celui des souris, des vaches, des cochons, des chèvres, des lapins ou encore des chats. "Ce qui rend le clonage des chiens difficile ce sont certains aspects uniques du processus reproductif des canidés par rapport à la plupart des autres mammifères. Cela inclut le fait que les chiens sont mono-oestrus (une seule période d'ovulation par cycle sexuel, NDLR), qu'ils 'ovulent' à la métaphase I et qu'il existe une hétérogénéité dans la maturation de leurs ovocytes", expliquent les chercheurs. La naissance de 3 chiots reclonés est donc une véritable prouesse.