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Au Maroc, les marchands de sable dépouillent les plages

Des filières légales et clandestines se disputent le sable nécessaire à la confection du béton. Le trafic est tel que des plages entières sont menacées de disparition.

Par  (Larache, envoyée spéciale)

Publié le 23 novembre 2017 à 06h00, modifié le 28 novembre 2017 à 09h55

Temps de Lecture 9 min.

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Du haut de ses 11 ans, Karim fait mine de ne rien sentir. Ni le poids des charges qui épuisent son corps frêle ni les brûlures du soleil sur sa peau. Six jours par semaine, le petit garçon se rend au bord de la mer, à une vingtaine de kilomètres de Larache, dans le nord du Maroc. Autour de lui, face à l’Atlantique, la plage a disparu : il n’y a plus un grain de sable sur le rivage. Comme une dizaine d’autres gamins, Karim doit s’avancer vers l’océan une pelle à la main et prendre de pleines pelletées de sable mouillé, qui sera transporté ensuite à dos d’ânes vers le sommet de la falaise. Huit heures d’allers-retours éreintants l’attendent chaque jour.

Le long du littoral marocain, les « marchands de sable », maîtres-d’œuvre d’un business semi-mafieux, recrutent ainsi des centaines d’enfants. « Des fourmis face aux filières organisées qui disposent de gros moyens et du soutien des autorités pour dépouiller les plages », explique un fin connaisseur de ce milieu. Karim, lui, assure travailler « pendant les vacances d’été ». Mais vont-ils vraiment à l’école le reste de l’année ?

D’après les habitants des villages alentours, le trafic ne cesse jamais. Non loin de là, les propriétaires des ânes surveillent, méfiants. Ce sont eux qui, au bas de l’échelle, tirent les premiers bénéfices du pillage du sable, vendu 100 dirhams (9 euros) le mètre cube à des fournisseurs de matériaux de construction. Karim, lui, touche 40 dirhams (un peu moins de 4 euros) la journée.

Partout dans le pays, des poids lourds sillonnent les routes, transportant des tonnes de ce matériau pour satisfaire les besoins sans fin des promoteurs immobiliers. Comme il faut deux tiers de sable et de graviers et un tiers de ciment pour produire du béton, ce granulat est devenu la deuxième ressource naturelle la plus consommée sur la planète, après l’eau et devant le pétrole.

Chaque année, au moins 15 milliards de tonnes seraient ainsi récoltées dans le monde – ramassées à la pelle, aspirées dans la mer par des bateaux-dragueurs ou extraites de carrières –, au point de menacer certaines plages de disparition. Au Maroc, le boom du BTP a fait oublier ces préoccupations environnementales. Grands ouvrages d’aménagement, édification de villes nouvelles et de complexes hôteliers… Le royaume s’est lancé dans des projets titanesques. Sans oublier l’auto-construction, qui représente à elle seule 60 % du secteur dans ce pays.

Un « nouvel or jaune »

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