Absentéisme : des chiffres affolants dans la fonction publique territoriale

L'absentéisme dans la fonction publique territoriale a progressé de près de 30% en dix ans.

44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015, revèle une étude du cabinet Sofaxis.
44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015, revèle une étude du cabinet Sofaxis. LP/OLIVIER BOITET

    Un peu plus d'un tiers des salariés du secteur privé ont été arrêtés au moins une fois pour cause de maladie en 2016, selon l'étude de Malakoff Médéric que nous dévoilons en exclusivité. Qu'en est-il de la fonction publique? Sofaxis, cabinet de courtage pour les collectivités locales et l'hôpital, a révélé dans son étude annuelle que 44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015. C'est donc presque 50 % de personnels supplémentaires arrêtés dans la fonction publique territoriale par rapport au privé. Un absentéisme qui, de surcroît, a grimpé de 28 % en dix ans, notamment à cause des accidents du travail, en hausse de... 53 %! Mais les absences pour maladie ordinaire ne sont pas en reste, elles ont crû de... 44 % et celles pour congé de longue maladie de 15 %. La situation sanitaire ne s'est pourtant pas dégradée à ce point en dix ans en France. Cette situation, qui représente neuf agents absents toute l'année sur cent fonctionnaires, coûte 2 067 euros par arrêt à un conseil départemental, cite en exemple le cabinet expert Ayming.

    Dans les communes, l'absentéisme n'est pas non plus... absent, loin s'en faut. L'iFrap, institut connu pour son peu de complaisance à l'égard du service public, a publié en 2016 un palmarès de l'absentéisme dans les communes. Une étude qui portait sur les données de 2013 et proclamait Amiens (Somme) en tête du classement avec 39,94 jours d'absence par agent, suivi de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône (36,80), d'Avignon, dans le Vaucluse (35,07), et de Grenoble,en Isère (34,84). Mais attention, il s'agit d'une moyenne sur l'ensemble des agents. Petite remarque de l'iFrap au passage : à Amiens, les fonctionnaires titulaires s'arrêtent presque quatre fois plus (49,3 jours !) que leurs homologues non titulaires (13,7 jours)... comme si la précarité était synonyme de meilleure santé.

    Autre gros bataillon de fonctionnaires, l'hôpital n'a, en revanche, pas à rougir de ses pratiques. La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère de la Santé, la Drees, vient de publier une étude qui va à l'encontre des idées reçues. Toutes catégories de personnels confondues, les hospitaliers cumulent 10,2 jours d'arrêt de travail par an, en moyenne, contre 9,6 pour les cliniques privées. On est loin des 42 jours des ouvriers du secteur privé. Mais cette moyenne cache de grandes disparités entre les agents d'entretien absents 17 jours par an et les médecins arrêtés 3 jours.

    Il reste le problème de la fraude. S'il n'existe pas de chiffres officiels relatifs à la fraude aux arrêts de travail dans la fonction publique, il en existe pour le privé. Selon la Cnam (Caisse nationale d'assurance maladie), en 2016, plus de 1 200 fraudes administratives aux indemnités journalières (IJ) ont été détectées et identifiées. Elles ont représenté un préjudice de 10,7 M€ dont 50 % portaient essentiellement sur le cumul d'indemnités journalières avec d'autres activités rémunérées.