Qui est Nima Elbagir, la reporter de CNN qui a filmé la vente d’esclaves en Libye

La journaliste soudanaise et correspondante de CNN est une spécialiste des enquêtes difficiles.

 Née au Soudan et installée à Londres comme correspondante internationale senior de la chaîne CNN, Nima Elbagir a démarré sa carrière à l’agence Reuters.
Née au Soudan et installée à Londres comme correspondante internationale senior de la chaîne CNN, Nima Elbagir a démarré sa carrière à l’agence Reuters. AFP

    «Ils les surnommaient la marchandise», rapporte Nima Elbagir, journaliste à CNN. La Soudanaise, correspondante de la chaîne américaine, a filmé en caméra cachée une vente aux enchères de migrants africains dans une maison près de Tripoli, en Libye. «400 dinars», propose une personne, «500», continue une autre… Les enchères montent jusqu'à 1 200 dinars libyens, d'après CNN, soit plus de 700 euros pour deux migrants. «Ça s'est terminé très rapidement. Au total, 12 Nigérians ont été vendus sous nos yeux», raconte Nima Elbagir. Son reportage diffusé le 14 novembre a suscité un émoi international. «C'est un retour dans le passé», conclut la journaliste à la fin de son reportage. Jusqu'ici aucune preuve de ces ventes aux enchères n'avait été établie.

    Eduquée à Londres pour partie

    Née au Soudan en 1978 et installée à Londres comme correspondante internationale senior de la chaîne CNN, Nima Elbagir a démarré sa carrière à l'agence Reuters, en couvrant les conflits au Darfour. Son travail l'a amenée «dans certains des endroits les plus sombres et les plus difficiles à dénoncer au cours des 12 derniers mois».

    En 2016, elle a été primée par la Royal Television Society. Cette année-là, l'intrépide investigatrice avait enquêté six mois sur le passage des migrants depuis le delta du Nil jusqu'à Rome, elle avait apporté des preuves de vie des filles enlevées en 2014 par la secte Boko Haram et interviewée deux exciseuses. «Elle est la gagnante qui m'a conduit le plus à m'interroger et réfléchir» avait déclaré le président du jury Stewart Purvis. Simon Albury, président de la campagne pour l'égalité des publications, s'est demandé pourquoi CNN l'avait engagé et non un média anglais !

    Militante convaincue

    «Je me sens très chanceuse, je me sens chez moi presque partout» avait déclaré Nima Elbagir au journal the Observer. «Ma couleur ne m'a jamais entravée. J'ai la capacité de me fondre dans tellement de communautés. Je ne ressemble pas à l'image attendue d'une correspondante de CNN. Je ne ressemble pas aussi à une femme soudanaise. Parfois je sens que mes valeurs modernes décontenancent. Mais en même temps nous ne pouvons pas prétendre que la représentation ne fait pas de différence» ajoutait la journaliste. Musulmane sunnite, elle avançait que sa maîtrise de la langue arabe lui avait permis d'amadouer des Marocains frileux et des Arabes qui vivaient en Belgique après les attentats de Paris. «Ils n'auraient pas parlé avec des Occidentaux».