Albert Camus, 1957 : Le prix Nobel du malentendu

Albert Camus photographié lors d'une séance de dédicace après avoir récemment reçu le prix Nobel de littérature le 10 octobre 1957.  ©Getty - Bettmann / Contributeur
Albert Camus photographié lors d'une séance de dédicace après avoir récemment reçu le prix Nobel de littérature le 10 octobre 1957. ©Getty - Bettmann / Contributeur
Albert Camus photographié lors d'une séance de dédicace après avoir récemment reçu le prix Nobel de littérature le 10 octobre 1957. ©Getty - Bettmann / Contributeur
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Retour sur le prix Nobel de littérature décerné à Albert Camus en 1957 et sur les polémiques qui s'en suivirent...

Pour la plupart d’entre nous, la découverte de l’œuvre de Camus se fait à l’adolescence, sur les bancs du lycée. L’Etranger, son premier roman, est le best-seller absolu du format poche en France : près de 7 millions d’exemplaires vendus depuis sa publication, en 1942. Une popularité qui n’est pourtant pas synonyme d’unanimité : « Camus, philosophe pour les classes terminales », diront les critiques les plus acides. L’écrivain aura presque autant de vrais ennemis pendant sa vie que de faux amis après sa mort… 

En 1957, lorsqu’il reçoit le prix Nobel de littérature à seulement 44 ans, l’éternel révolté se retrouve au cœur d’une énième polémique aussi bien littéraire et politique. 

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Français d’Algérie, on lui demande de prendre position sur les « événements » qui ensanglantent sa terre natale depuis plus de 3 ans. Défenseur de l’indépendance ou partisan de l’Algérie française, il faut choisir son camp. 

Mais Camus ne peut s’y résoudre : il est un homme déchiré, tiraillé entre son anticolonialisme et son refus d’être un étranger sur une terre qui est aussi la sienne. En marge des cérémonies officielles du prix Nobel, face à un étudiant algérien, il aura cette phrase, qui provoquera un immense tollé : « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère ». 

Dans les milieux intellectuels parisiens, on l’accuse alors d’être un traître aux idées qu’il a défendu autrefois, de préférer égoïstement sa mère à la justice due à des millions de personnes. Il devient pour certain le « penseur des colons », la « caution intellectuelle de l’Algérie Française ». Mais la position de Camus sur ce conflit est infiniment plus fine, plus complexe, plus douloureuse aussi.

Vidéo INA : 

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Notre invité aujourd’hui, l’historien Benjamin Stora. 

Professeur des Universités et président du conseil d’orientation du Musée de l’immigration, Benjamin Stora est spécialiste de l’histoire du Maghreb contemporain. Sur les nombreux malentendus autour du rapport de Camus à l’Algérie, il a publié, avec Jean-Baptiste Péretié, un ouvrage intitulé « Camus brûlant », publié chez Stock en 2013. 

Documentation

Nous vous signalons la parution de " Correspondance 1944-1959 Albert Camus - Maria Casarès" collection Blanche chez Gallimard

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  • Mick MICHEYL : La justice des hommes
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