Égypte : au moins 235 morts dans l'attaque d'une mosquée dans le Sinaï

L'attaque, qui n'a pas été immédiatement revendiquée, s'est produite dans le village de Bir al-Abed, à l'ouest d'Al-Arich.
L'attaque, qui n'a pas été immédiatement revendiquée, s'est produite dans le village de Bir al-Abed, à l'ouest d'Al-Arich. © STRINGER / AFP
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avec agences , modifié à
L'attaque s'est produite vendredi autour de la mosquée Al-Rawda dans un village proche d'Al-Arish, la capitale de la province du Nord-Sinaï. 

Au moins 235 fidèles qui assistaient à la prière hebdomadaire dans une mosquée de l'est de l'Égypte ont été tués vendredi par des hommes armés, l'attaque la plus meurtrière dans l'histoire récente de ce pays. Cet attentat, qui n'a pas été immédiatement revendiqué, a fait 235 morts et 109 blessés selon la télévision d'État égyptienne.

Que sait-on de l’attaque ?

L'attaque s'est produite autour de la mosquée Al-Rawda dans le village de Bir al-Abed, à l'ouest d'Al-Arich, capitale de la province du Nord-Sinaï. D'après des témoins, les assaillants ont encerclé la mosquée avec des véhicules tout-terrain et ont ensuite posé une bombe à l'extérieur du bâtiment. Après qu'elle a explosé, les hommes armés ont fauché les fidèles paniqués qui tentaient de fuir et mis le feu aux véhicules de ces derniers afin de bloquer les routes menant à la mosquée. "Ils tiraient sur les fidèles fuyant la mosquée. Ils tiraient aussi sur les ambulances", a déclaré un habitant dont plusieurs proches ont été témoins de la fusillade. Des conscrits de l'armée faisaient partie des fidèles, selon des sources médicales à Al-Arich.

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Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière de l'histoire récente en l'Égypte. La précédente remontait à octobre 2015, lorsqu'un attentat à la bombe revendiqué par la branche égyptienne de l'EI avait coûté la vie aux 224 occupants d'un avion russe après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï.

Pourquoi cette région a-t-elle été visée ?

La province du Nord-Sinaï est une région où les autorités combattent la branche égyptienne du groupe djihadiste État islamique (EI). Depuis 2013 et la destitution par l'armée du président islamiste élu Mohamed Morsi, l'Égypte est le théâtre d'attaques et d'attentats menés par des groupes islamistes contre les forces de sécurité égyptiennes dans plusieurs régions du pays, surtout dans le nord du Sinaï où la branche de l'EI est particulièrement active. De nombreux policiers et soldats, ainsi que des civils, ont été tués dans ces attaques. 

Le Nord-Sinaï est une région enclavée, tribale et très pauvre, marginalisée depuis longtemps par l'État central. En 2012, un groupe de djihadistes se forme dans cette zone. Il dispose de nombreux soutiens locaux et, en 2014, il prête allégeance à l'État islamique. Ce groupe se renomme "La province du Sinaï". C'est lui qui a organisé l'attentat à la bombe de l'avion à Charm el-Cheikh mais la majorité des actions du groupe sont locales et il vise principalement l'armée égyptienne.

Un lieu de rassemblement des Soufis. Par ailleurs, le chef d'un groupe bédouin qui combat l'EI a déclaré à l'AFP que la mosquée était connue comme lieu de rassemblement de Soufis, adeptes d'un courant mystique de l'islam considéré comme hérétique par le groupe djihadiste. 

Comment ont réagi les autorités égyptiennes ?

Dans un premier temps, la présidence égyptienne a déclaré trois jours de deuil national, a rapporté la télévision d'État, alors que le président Abdel Fattah al-Sissi a convoqué une réunion d'urgence de ses ministres chargés de la sécurité. Puis, dans un discours télévisé très ferme, le président égyptien a promis de répondre avec une "force brutale" à l'attaque de la mosquée. "Les forces armées et la police vengeront nos martyrs et ramèneront la sécurité et la stabilité avec force très prochainement", a-t-il déclaré.

Frappes de représailles. Menace mise à exécution quelques heures à peine après l'attaque puisque l'armée égyptienne a lancé des raids de représailles dans le nord du Sinaï. Les frappes aériennes se concentrent sur plusieurs zones montagneuses autour de la commune de Bir al Abed, où l'attaque s'est produite et où les insurgés islamistes se retrancheraient.

Quelles réactions à l'international ?

Cette attaque a suscité une vive émotion au sein de la communauté internationale. Dans un communiqué, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a condamné un "crime horrible qui confirme que la vraie religion de l'islam est innocente par rapport à ceux qui épousent l'idéologie terroriste extrémiste". 

Dans un message envoyé à son homologue égyptien, le président russe Vladimir Poutine a évoqué une attaque frappante "par sa cruauté et son cynisme", selon un communiqué du Kremlin. Donald Trump a de son côté dénoncé une "attaque terroriste horrible et lâche". "Le monde ne peut pas tolérer le terrorisme, nous devons vaincre militairement (les terroristes) et discréditer l'idéologie extrémiste qui forme la base de leur existence !", a poursuivi le président américain dans son tweet.

En France, Emmanuel Macron a présenté ses condoléances aux victimes de ce "terrible attentat". Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, lui, déploré sur Twitter un "ignoble attentat" alors que son homologue britannique Boris Johnson s'est dit "profondément attristé par (…) cet acte barbare".