Attentat en Égypte : le Sinaï, cible de choix pour le groupe État Islamique

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Attentat en Égypte : le Sinaï, cible de choix pour le groupe État Islamique

La mosquée al-Rawdah après l'attaque terroriste à Bir al-Abd, à 40 km de la capitale provinciale du nord du Sinaï, el-Arish, en Egypte.
La mosquée al-Rawdah après l'attaque terroriste à Bir al-Abd, à 40 km de la capitale provinciale du nord du Sinaï, el-Arish, en Egypte.
© AFP - DPA

Une attaque sans précédent contre une mosquée dans le nord du Sinaï a été menée ce vendredi par des hommes armés à l'heure de la grande prière. C'est la plus meurtrière connue par l'Égypte ces dernières années.

Selon le dernier bilan diffusé samedi, l'attaque a fait 305 morts et des centaines de blessés.  Elle s'est produite vendredi autour de la mosquée Al-Rawda dans le village de Bir al-Abed, à l'ouest d'Al-Arich, la capitale de la province du  Nord-Sinaï, région où les forces de sécurité combattent la branche égyptienne du groupe djihadiste État islamique (EI).

D'après des responsables, les assaillants ont déclenché une explosion  avant d'ouvrir le feu sur les fidèles, parmi lesquels se trouvaient  notamment des conscrits de l'armée. Le chef d'un groupe bédouin qui combat l'EI a par ailleurs déclaré à  l'AFP que cette mosquée était connue comme un lieu de rassemblement de  soufis, adeptes d'un courant mystique de l'islam considéré comme  hérétique par le groupe djihadiste.

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Décryptage par Claude Guibal, journaliste à France Inter, spécialiste de la région

Le Sinaï, plus que jamais insurrectionnel, est une région où l'armée égyptienne n'a jamais réussi à reprendre la main. Depuis 2013 et la destitution par l'armée du président islamiste élu  Mohamed Morsi, des groupes djihadistes, dont la branche égyptienne de  l'organisation État islamique (EI), attaquent régulièrement les forces de sécurité égyptiennes dans le nord du Sinaï.

Le Sinaï est une région très particulière, peuplée de tribus bédouines, dont la répartition géographique déborde de l'autre côté de la frontière (Gaza/Israël).

Mais il y a deux Sinaï. Celui qui fait rêver, au sud, avec Charm el Sheikh et ses plages, dont Hosni Moubarak avait fait la vitrine du  tourisme égyptien à la fin des années 90, alors que la vallée du Nil faisait l'objet d'attaques des islamistes armés des Gamaa't al Islamiya.

Al-Arish est à 40 km de Bir al-Abed, où se trouve la mosquée Al-Rawda attaquée le 24 novembre
Al-Arish est à 40 km de Bir al-Abed, où se trouve la mosquée Al-Rawda attaquée le 24 novembre
© AFP - Vincent LEFAI, Kun TIAN

Les groupes terroristes d'hier ont laissé place à d'autres mouvements djihadistes après la révolution de 2011 et la chute d'Hosni Moubarak. Après la destitution/coup d'état qui a mis fin à la présidence de Mohamed Morsi, le président issu des Frères musulmans élu après la  révolution, il y a eu un gros coup de torchon militaire dans la région : ménage à l'arme lourde, et au lance-roquette, pour purger le Sinaï des  islamistes.

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Avec une efficacité limitée : le groupe Ansar al Maqdis, devenu Wilayet al Sinaï en 2014 après avoir prêté allégeance au groupe État Islamique a, au contraire, gagné en  importance. Propageant la terreur, il n'a eu de cesse d'attaquer postes de police et checkpoints militaires. Il faut imaginer l'effroi provoqué chez les Égyptiens par l'arrivée de djihadistes dans ces localités du Sinaï, en pick-up bardés de drapeaux noirs, tirant au lance-roquette. 

Et le questionnement -en creux- sur l'efficacité de la toute-puissante armée égyptienne, aux commandes du pays. Abdel Fattah el Sissi,  rappelons le, était le chef des renseignements militaires d'Hosni Moubarak, donc parfait connaisseur du gros dossier du Sinaï.

Les médias occidentaux en parlent peu : les attaques sont permanentes.  L'armée égyptienne y connaît des pertes lourdes. Une situation vécue comme un petit Vietnam pour les Égyptiens, qui pleurent régulièrement leurs militaires, considérés comme des "martyrs de la nation".

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Le Nord-Sinaï est presque une "no-go zone" pour les journalistes.  L'armée contrôle/bloque les accès et l'information : en 2015, Sissi a ratifié une loi anti-terroriste qui punit les journalistes qui oseraient contredire les communiqués officiels en cas d'attaque/attentat.

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