À l'occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, aujourd'hui, les autorités ont fait le point sur la situation dans le Morbihan. Hormis les viols, tous les chiffres de dépôts de plaintes sont en augmentation. Mais c'est peut-être bon signe. Explications.
Des coups et blessures volontaires en hausse de 12,70 % (328 cas), quatre séquestrations au lieu d'une, des atteintes à la dignité et à la personnalité en augmentation de 12,20 % (92 cas), des harcèlements sexuels et autres agressions sexuelles passés de 38 à 45 cas, et même des atteintes sexuelles ayant bondi de 38 % (de 32 à 44 cas)...
Le nombre de dépôts de plaintes par des femmes victimes de violences masculines, enregistré sur les dix premiers mois de l'année dans le Morbihan, peut paraître alarmant au premier abord. Il n'y a guère que les viols qui sont à la baisse, avec 17 cas contre 21 à pareille époque l'an dernier. Paradoxalement, ces augmentations ne sont pas forcément une mauvaise nouvelle : « C'est positif, cela veut dire que les femmes portent plus plainte aujourd'hui », se réjouit Charlotte Crépon, directrice de cabinet du préfet.
« On essaie de rassurer la victime, précise Corinne Bru, gendarme à Elven, spécialisée sur ces questions. Beaucoup ont peur du dépôt de plainte. On leur dit qu'à partir de maintenant, elles ne seront plus jamais seules ». Car, comme le souligne le procureur de Vannes, François Touron, le dépôt de plainte est souvent perçu, à tort, comme « l'explosion de la cellule familiale ».
Alors que, dans deux tiers des cas, elle aboutit à un retour à la normale dans le couple. Sur les 112 affaires de violences conjugales recensées en 2016 sur le ressort du parquet de Vannes (moitié est du département), il y a eu des poursuites dans 60 % des cas. Pour le reste, des mesures alternatives sont privilégiées, comme la médiation pénale par un travailleur social de la Sauvegarde 56. « Il ne s'agit pas du tout de mettre dos à dos l'auteur et la victime pour partager les responsabilités, précise le procureur. Au contraire, tous deux sont mis en présence pour faire comprendre la gravité des actes. C'est souvent salutaire pour les couples qui entendent rester ensemble ».
Pour les femmes les plus exposées, un téléphone « grave danger » peut leur être attribué pour une durée de six mois, renouvelable une fois. Mais la mesure reste exceptionnelle : il n'y en a d'ailleurs que cinq pour tout le Morbihan. Des associations sont aussi là pour soutenir les femmes, dès le dépôt de plainte. « On est là pour expliquer la procédure pénale et les accompagner dans leur décision tout au long du parcours », précise Florence Gasselin, juriste à l'Association d'aide aux victimes d'infractions (Adavi).
Le Centre d'information pour les droits et devoirs des familles (CIDFF) partage la même ambition. Et insiste sur l'importance de ne pas laisser pourrir la situation : « Quand un enfant grandit avec l'exemple d'un père qui frappe sa mère, il croit que c'est normal. On fait des sensibilisations dans les écoles pour leur faire comprendre que ça ne l'est pas ». Et elle ajoute que « ça arrive dans tous les milieux ».
Le plus souvent, ces comportements sont liés à un problème avec l'alcool. D'où l'importance de mettre en place un suivi et des soins. Dernier point sur lequel insistent tous les interlocuteurs : « Les victimes ont souvent peur qu'on leur retire leurs enfants si elles parlent... Mais ce n'est pas le cas, on les rassure sur ce point ».
Contacts
Au moment des violences : tél. 17 ou 112 depuis un portable. Numéro national d'écoute Violences femmes info : tél. 3919.