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Cumul des mandats : comment d'ex-maires s'arrangent pour rester maîtres de leur ville

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Cumul des mandats : comment d'ex-maires s'arrangent pour rester maîtres de leur ville

Les bons tuyaux

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Difficile de passer la main ! Députés et sénateurs n'ont plus le droit de diriger leur ville. Les anciens cumulards s'accrochent et multiplient les petits arrangements pour conserver leur influence.

« L'autre jour, je visitais une cantine de ma ville et un enfant criait : “Monsieur le maire, monsieur le maire !” Sauf que la vraie maire était là aussi, c'était gênant… » Pierre-Henri Dumont, jeune député LR, grimace en racontant l'anecdote. En 2014, il a été élu maire de Marck, dans l'agglomération de Calais. Mais il a renoncé à son mandat cet été, après l'avoir emporté aux élections législatives. Pas le choix : il devait se conformer à la loi de 2014 interdisant de cumuler un mandat de député ou de sénateur avec des fonctions exécutives locales. Pierre-Henri Dumont a donc passé la main en juillet à Corinne Noël, une conseillère municipale désignée par ses soins. Mais il s'en cache à peine : c'est toujours lui, le patron. Il a d'ailleurs conservé son bureau de maire, qu'il partage avec celle qui lui a succédé ! « Cette loi est une connerie monumentale, peste-t-il. Au-delà de son aspect populiste, elle remet en cause l'équilibre des pouvoirs en fragilisant les parlementaires, dont la force était d'être au contact des réalités locales. »

DÉPRIME D'ACTIVITÉ

Dura lex, sed lex. En septembre, les sénateurs, dont un tiers étaient encore maires au début de l'année, ont dû lâcher l'un de leurs mandats. Avant eux, les députés avaient dû trancher au moment des législatives. Dans l'Assemblée élue en juin, on trouve 125 ex-cumulards qui ont dû renoncer à leur mandat local. La plupart d'entre eux siègent à droite, puisque LR a mieux résisté que le PS à la vague macroniste. Et Pierre-Henri Dumont est formel : « Ils sont tous déprimés ! » Comme lui, Robin Reda fait partie de cette jeune génération de droite qui a aligné les succès aux municipales de 2014. A 22 ans, il a été élu maire de Juvisy-sur-Orge (Essonne), mais a lâché son mandat trois ans plus tard pour les ors de l'Assemblée nationale. Ce qu'il a fallu expliquer à ses administrés au moment de se présenter aux législatives… « En plus de rester au conseilmunicipal, je souhaite démultiplier notre capacité d'action en allant chercher, à Paris, les relais dont nous avons besoin » , s'est-il justifié dans une lettre. Aujourd'hui, il revendique de rester « cramponné » à son territoire : « Je fais moins de choses que lorsque j'étais maire parce qu'il y avait beaucoup d'administratif à gérer, mais je m'investis dans de nombreux projets et je suis présent dans les moments clés de la vie municipale, explique-t-il. C'est moi qui ai été élu en 2014, je dois respecter mes électeurs jusqu'à la fin. »

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne