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La mairie de Paris va organiser une journée contre la grossophobie

Deux tables rondes et d'autres événements sont prévus le 15 décembre dans les salons de l’Hôtel de Ville. «La lutte contre la grossophobie est une grande absente de la lutte contre les discriminations», déplore Hélène Bidard, l'adjointe à la maire de Paris à l'initiative de cet évènement.

La grossophobie ? «Quand on en a discuté avec les associations, beaucoup nous l’ont présenté comme la dernière discrimination qui est tolérée dans notre société», observe Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris. L’élue communiste, chargée de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, est à l’initiative d’une journée de lutte contre la grossophobie, qui aura lieu le 15 décembre, dans les salons de l’Hôtel de Ville. Une grande première, intitulée «Grossophobie, stop ! Ensemble réagissons», et qui reprend donc le terme utilisé fréquemment par les militant-e-s, notamment féministes, qui travaillent sur ces questions.

La grossophobie, c'est la peur (la phobie) mais aussi l'hostilité, voire le rejet des personnes grosses et l'alimentation des préjugés négatifs qui leur sont associés.

«À ma connaissance, il n’y a eu aucune collectivité qui a travaillé sur le sujet, explique Hélène Bidard, interrogée par BuzzFeed News. «En tous cas, on n’a pas retrouvé d’action publique en France sur cette question. La lutte contre la grossophobie est une grande absente de la lutte contre les discriminations.»

Grossophobie médicale et discrimination à l'emploi

Si des campagnes ont déjà été menées par les pouvoirs publics sur la question du poids, c’est toujours sous l’angle de la lutte contre l’obésité. Jamais pour lutter contre les discriminations que peuvent vivre les personnes grosses. «En France, ce n’est pas considéré comme un sujet, déplore Hélène Bidard. Moi, j’ai envie de travailler sur la question de la discrimination sur le critère à l’apparence physique.»

L’élue parle de la question de la grossophobie médicale, de la discrimination à l’emploi, dans les transports ou dans l’espace public. Selon une étude menée par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail, les femmes obèses sont huit fois plus discriminées à l’embauche à cause de leur apparence physique que les femmes ayant un indice de masse corporelle (IMC) dans la norme. Quant aux hommes obèses, ils sont, eux, trois fois plus discriminés.

D’où la volonté de l’élue parisienne de «faire sortir ce sujet du placard» : «On cherche vraiment à faire de l'empowerment et faire que les médias s’en préoccupent. Pour que, in fine, les femmes et hommes politiques se rendent compte qu’il y a là un vrai sujet, qui touche plus particulièrement les catégories populaires et qu’ils ne peuvent pas continuer à faire comme si ces personnes étaient complètement invisibles de la scène politique.»

Tables rondes et annonces d'actions concrètes

Le programme de cette journée prévoit deux tables rondes, mais aussi la diffusion de petits films réalisés avec des vlogeurs, la signature d’un manifeste à travers lequel des personnalités qui ont elle-même vécu la grossophobie s’engagent. Autre événement planifié : un défilé de mode, pour porter un message militant sur la question de la visibilité du corps gros, organisé par quelqu’un que l’on n’attendait pas forcément sur le sujet, l'animateur Vincent Mc Doom.

«Même s’il n’est pas directement concerné, il est sensibilisé à cette question, explique l’élue parisienne. Il avait envie de s’engager bénévolement pour nous aider à monter ça et ça tombait bien parce qu’on a pas l'habitude de monter des défilés.»

La militante américaine Jes Baker, connue pour son blog The Militant Baker et son implication dans le mouvement «body-positive», sera également présente.

Hélène Bidard indique avoir préparé cet évènement depuis un an, en rencontrant des associations et des personnalités engagées sur le sujet. Elle annoncera lors de cette journée des préconisations et des actions qui vont être mises en place par la ville de Paris pour lutter contre la grossophobie. «Le but est, bien évidemment, que ça fasse des petits et que d’autres collectivités ou conseils généraux s’en servent, que l’État soit interpellé», précise-t-elle. La seule action de la mairie de Paris sur laquelle elle accepte de communiquer pour l’instant est la déclinaison sur le thème de la grossophobie d’une campagne lancée par la mairie sur le harcèlement de rue.

La journée, qui aura lieu dans le cadre de la deuxième semaine parisienne de lutte contre les discriminations, sera ouverte à tous, mais sur inscription. Hélène Bidard espère que les personnes concernées et leurs proches seront largement présents. «C’est rare de voir une vraie diversité corporelle dans les personnes que l’on voit à l'Hôtel de Ville donc je serais très heureuse que les personnes qui sont directement concernées soient là en nombre !», conclut-elle.