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TUNISIE

Le Web tunisien en colère après une photo maladroite de l’ambassadeur français

L'ambassadeur français en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, sur un dromadaire de la brigade saharienne tunisienne.
L'ambassadeur français en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, sur un dromadaire de la brigade saharienne tunisienne.
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Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie depuis septembre 2016, a été la cible d’un certain nombre d’attaques du Web tunisien depuis dimanche. En cause ? Une photo qu’il a lui-même publiée, le montrant sur le dos d'un dromadaire de la brigade saharienne tunisienne. Une attitude jugée condescendante, voire néocoloniale pour certains.

L’ancien directeur de France Culture, et frère du journaliste Patrick Poivre d’Arvor est un féru de communication. De même qu’il répond régulièrement aux invitations des médias tunisiens, il aime être présent sur les réseaux sociaux : sur Facebook ou Twitter, il ne manque pas de documenter ses activités, en Tunisie, qu’elles soient professionnelles ou personnelles.

Dimanche 26 novembre, il a joué les reporters pour rendre compte d’une visite effectuée dans le Sahara tunisien en compagnie des ministres tunisiens de l’Agriculture et de la Défense. Olivier Poivre d’Arvor posait des questions, filmait et prenait des photos qu’il postait, tout au long de la journée, sur la page de son compte Facebook, par ailleurs ouvert au public.

 

Diplomatie décomplexée ou… "Olivier d’Arabie" ?

Parmi les étapes de cette journée, une rencontre avec la brigade saharienne, une unité militaire chargée notamment de garder les frontières tunisiennes, et qui, désert oblige, se déplace à dos de dromadaires. Là aussi, la caméra d’Olivier Poivre d’Arvor est à l’affût. Ce dernier commence par tourner une vidéo où les membres de la brigade se tiennent à côté de leurs montures. Une voix de femme, tunisienne, qui fait visiblement partie de la délégation lui demande alors : "Vous n’allez pas monter, si ?" Ce à quoi l’ambassadeur répond : "Bah si ! Si on me propose !" Après quoi, la dame demande aux brigadiers de le laisser monter sur le dos de l’un des dromadaires.

Dix minutes plus tard après avoir posté cette vidéo, le voilà en effet qui publie une photo de lui à dos d’un des méharis de la brigade… pour la supprimer aussitôt, face à ce qu’on devine comme un déchaînement de commentaires outrés. Trop tard cependant : plusieurs captures d’écran sont faites, et l’image est relayée par les usages de Facebook et Twitter.

Un utilisateur de Twitter "agacé" par l'attitude de l'ambassadeur.

Amira Yahyaoui, célèbre activiste tunisienne, affligée par la photo d'Olivier Poivre d'Arvor.

Pour cet utilisateur de Twitter, trois points qui en disent long.

Pourquoi cette photo a-t-elle agacé les internautes ? L’ambassadeur utilise en fait les montures d’un corps militaire, comme s’il s’agissait d’un dromadaire pour touristes, geste qu’ils ont jugé humiliant. De plus, le cadre accentue cette impression en renvoyant à un imaginaire orientaliste. Beaucoup d’internautes y ont vu du mépris pour la Tunisie, allant jusqu’à qualifier l’ambassadeur de "Résident général", qui était le titre du représentant officiel du gouvernement français du temps de la colonisation.

Une récidive malvenue

Condescendance ? Maladresse ? Ou un mélange des deux ? Olivier Poivre d’Arvor donne l’impression de vouloir être un ambassadeur moderne, mais semble avoir mal maîtrisé son outil. Dans la plupart de ses publications, il s’efforce pourtant de donner une image de haut fonctionnaire proche de la rue tunisienne, et non enfermée dans sa résidence, située dans la banlieue chic de la Marsa.

Sa photo avec l'Ambassadeur de France en Tunisie

Une publication partagée par hamza ayari (@hamzaayariphotogrape) le

L'ambassadeur prend la pose au Marché central de Tunis.

Ici, dans le stade de Radès avec le maillot tunisien.

Une tentative peut-être aussi de faire oublier le malaise qu’il a provoqué avant même sa prise de fonction officielle à Tunis : le 30 août 2016, à quelques jours de son départ pour la rive sud de la Méditerranée, l’ambassadeur déclarait en effet sur les ondes de RTL que la Tunisie était "un des pays fournisseurs de jihadistes", et que sa mission consistait à y assurer la sécurité des quelque 30 mille ressortissants Français. 

Depuis le départ de Ben Ali en janvier 2011, à qui la ministre française des Affaires étrangères de l’époque, Michèle Alliot-Marie, proposait le "savoir-faire français" face aux manifestations, l’opinion publique tunisienne surveille de près les dérapages de la diplomatie hexagonale. L’ancien ambassadeur Boris Boillon en avait fait les frais dès sa nomination en février 2011 : des manifestations avaient demandé son départ, après la diffusion d’une vidéo où il s’était adressé à une journaliste tunisienne refusant de répondre à ses questions jugées "débiles ".

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