Les Français mettent l'industrie sur un piédestal
Airbus devient le nouveau leader du baromètre Posternak-Ifop. De l'automobile aux biens de consommation, les fabricants se font remarquer.
Par Clotilde Briard
L'industrie a de quoi se réjouir. Elle truste les premières places du baromètre trimestriel Posternak-Ifop. Et Airbus fait sa grande entrée en pole position du classement. Il détrône Michelin, qui occupait la place de numéro 1 depuis février 2015. Même si c'est d'un cheveu.
Le constructeur aéronautique européen engrange tous les effets de l'annonce au salon de Dubai d'un contrat record de 430 moyen-courriers de la famille A320 passé avec Indigo Partners, le fonds d'investissement américain focalisé sur le transport aérien. Avec un prix catalogue de 42 milliards d'euros, la commande a, en effet, de quoi impressionner. « Les Français réclament à cor et à cri la réindustrialisation du pays. Leur principal souci porte sur la lutte contre le chômage. Pour eux, l'industrie est synonyme d'emploi. La plébisciter est une façon de répondre à cette préoccupation », analyse Claude Posternak, président de La Matrice, société de conseil dédiée à l'opinion, ainsi que de Limportant.fr.
Les enquêtes en cours sur les soupçons de corruption n'ont pas eu d'impact sur l'image et ne semblent pas vraiment toucher l'opinion.
Automobile bien vue
L'automobile se fait remarquer de son côté. Tout particulièrement PSA. Ses deux marques Peugeot et Citroën se classent troisième ex-aequo. Et retrouvent des positions d'autrefois, dans les années 2009-2010. Renault demeure toujours derrière, au treizième rang. « La voiture reste un espace de forte implication », souligne le président de La Matrice.
Biens de consommation appréciés
L'industrie des biens de consommation se porte bien elle aussi. Yves Rocher , qui a été l'entreprise préférée des Français durant trois ans de septembre 2011 à novembre 2014, occupe la cinquième position, avec Leclerc. La griffe de cosmétique n'a pas régressé mais elle a plutôt eu tendance à garder son indice d'image tandis que celle d'autres acteurs grimpaient plus haut. Mais elle a des bases solides. Elle affiche un score enviable de 22 % de très bonne image. Sur ce plan, Airbus et Michelin ont des scores encore meilleurs. Et La Poste tire aussi bien son épingle du jeu avec 19 % de très bonne image, ce qui lui donne un noyau dur d'afficionados malgré une adhésion générale moyenne.
Autre fleuron des biens de consommation, Danone continue de son côté, à grignoter du terrain. « C'est une marque emblématique. Elle représente aussi la réussite de la France à l'étranger. Les gens y sont sensibles », relève Claude Posternak.
Face à ce boom de l'industrie, la grande distribution a tendance à descendre un peu dans le classement, même si les quatre acteurs du secteur scrutés figurent parmi les onze premiers.
Téléphonie en chute
La situation des entreprises de télécoms est nettement moins bonne. L'opérateur qui résiste le mieux, Orange, n'est qu'au 22e rang. Free, qui avait longtemps su profiter d'un capital affectif, a glissé, lui, en 27e position. « La marque s'est normalisée. Elle a perdu de son altérité en perdant son noyau dur de très bonne image chez les moins de 35 ans », souligne Claude Posternak. Quant à SFR, il ferme le banc des 30 marques étudiées d'un trimestre à l'autre.
Le déficit de bonnes opinions est particulièrement crucial chez les 18 à 24 ans. « La téléphonie est un objet du quotidien pour eux. Mais ils ont globalement une mauvaise image des opérateurs. Cela peut être dangereux. Si demain les Gafa, comme Google et Apple investissent le terrain de la téléphonie mobile, ils risquent de remporter la mise, estime-t-il. Les acteurs actuels ont besoin de réagir au plus vite en ciblant les jeunes, en leur offrant un effet miroir. »
Clotilde Briard