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TerrorismeL'EI muet sur le massacre en Egypte

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Suite à l'attaque de la mosquée al-Rawda, les fidèles évacuent les victimes. Le dernier bilan provisoire fait été d'au moins 235 morts et 109 blessés. (Vendredi 24 novembre 2017)
Une foule importante, dont des officiels, s'est rendue à la prière hebdomadaire dans la mosquée Al-Rawda, dans le Nord-Sinaï, vendredi 1er decembre, une semaine après l'attentat meurtrier qui a fait 305 victimes. (Image - vendredi 1er décembre 2017)
Un dispositif de sécurité important devait protéger les fidèles qui se sont rendus nombreux à la prière du vendredi, une semaine après l'attaque sanglante, mais toujours pas revendiquée. (Image - vendredi 1er décembre)

Le mutisme de l'Etat islamique (EI) au sujet du carnage dans une mosquée du Sinaï, perpétré vendredi par des hommes arborant sa bannière noire, suscite des interrogations. Le massacre de 303 fidèles soufis est dénoncé même par des partisans.

Près d'une semaine après l'attaque la plus meurtrière de l'histoire récente de l'Egypte, l'organisation djihadiste, parfois prompte à revendiquer ses attentats, ne s'est pas manifestée.

Dimanche, la branche égyptienne de l'EI n'avait pourtant pas tardé à revendiquer une attaque contre l'armée commise la veille à Rafah, également dans le Nord-Sinaï, une région où elle mène une insurrection contre les forces de sécurité.

Selon des responsables et des analystes, le silence de l'EI sur le carnage dans cette mosquée fréquentée par des soufis, adeptes d'un courant mystique de l'islam et considérés comme des hérétiques par les djihadistes, montre que l'EI est allé trop loin, même selon les critères extrémistes.

Condamnation unanime

Tous les groupes djihadistes actifs en Egypte, dont Jund al-Islam au Sinaï, lié à Al-Qaïda, ont condamné le massacre. Des partisans de l'EI étaient même furieux sur les réseaux sociaux après la diffusion, sur des canaux Telegram pro-Al-Qaïda, d'un présumé enregistrement audiophonique dans lequel un djihadiste de l'EI se vantait de l'attaque.

L'EI, dont des membres s'étaient déplacés à la mosquée avant l'attaque pour avertir de ne plus tenir de rituels soufis, selon un cheikh soufi, avait déjà ciblé des lieux de culte musulmans, généralement chiites, des soufis et des chrétiens.

En mai à Manchester, en Grande-Bretagne, les djihadistes ont perpétré un attentat lors d'un concert de la chanteuse pop Ariana Grande, tuant des enfants et adolescents. A l'époque, le djihadiste britannique Omar Hussein avait déclaré à l'AFP que le meurtre de jeunes «mécréants» ne lui donnait pas mauvaise conscience. «S'agissant du meurtre de petites filles, il est permis de tuer les koufars (les infidèles) dès lors qu'ils nous tuent», avait-il dit par écrit à l'AFP.

Déni

Mais l'attaque de la mosquée au Sinaï, bondée à l'heure de la grande prière hebdomadaire et qui a coûté la vie à au moins 27 enfants, semble avoir été celle de trop pour des partisans de l'EI, dont certains semblent être dans le déni.

Un djihadiste, qui défend régulièrement les atrocités de l'EI, a carrément nié l'implication de l'organisation ultraradicale sunnite. «Pas du tout. Votre analyse est erronée. Vous avez été influencé par les médias», a-t-il écrit dans un message à l'AFP.

«Une chose de cette ampleur, qui a tué plus que 'juste des soufis' sera difficile à justifier», estime l'analyste Amarnath Amarasingam, chercheur à l'ISD Global.

La branche égyptienne de l'EI a tué des centaines de membres des forces de sécurité depuis le début de son insurrection. Elle a aussi ciblé des civils, tuant notamment des dizaines de chrétiens. «Cela semble correspondre à un changement progressif (de stratégie) au cours des quatre dernières années», remarque un responsable occidental sous le couvert de l'anonymat.

Combattants étrangers

L'Egypte est passée «d'une campagne violente très locale menée par les terroristes du Sinaï (...), qui au début ont veillé à ne pas s'aliéner la population locale (...), à quelque chose qui semble beaucoup plus influencé par les motivations internationales» et idéologiques de l'EI, dit-il.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a prévenu que des combattants étrangers de l'EI tenteraient de s'installer dans la région à mesure qu'ils perdent du terrain en Irak et en Syrie, où ils sont quasiment défaits militairement.

Il est «possible que l'attaque ait été coordonnée sans accord central, d'où l'absence de revendication», suggère un autre responsable occidental, accréditant l'idée d'une initiative locale de djihadistes de plus en plus pressés par les forces de sécurité dans le Sinaï.

L'attaque était peut-être aussi destinée à envoyer un message aux soufis et aux villageois considérés comme progouvernementaux, sans qu'elle soit destinée à recevoir l'imprimatur de l'EI.

ats