Patricia Barbizet l'influente s'émancipe de la famille Pinault
La femme de confiance qui a façonné la construction de l'empire Pinault ces trente dernières années quitte la direction générale d'Artémis, le holding de tête de la famille.
Par Anne Drif
La gardienne du temple Pinault se lance dans l'entrepreneuriat. Après une trentaine d'années passées à façonner le groupe, l'influente Patricia Barbizet quitte la direction générale d'Artémis, le holding de 30 milliards d'euros de la famille Pinault, pour s'investir dans ses projets personnels. « Il va de soi que nous l'accompagnerons », a souligné François Pinault.
Un siège au conseil d'administration
L'empire, qui a tourné la page de la distribution ( cession de la Fnac , La Redoute etc.) pour embrasser entièrement l'univers du luxe, repose désormais entre les mains des dirigeants de Kering et des marques. L'éminence grise de François Pinault peut prendre du champ. Patricia Barbizet conservera ainsi la vice-présidence du conseil d'administration de Kering, le groupe de luxe de la famille (Gucci, Bottega Veneta, Saint Laurent, Alexander McQueen, Balenciaga, etc.) ainsi qu'un siège au conseil d'administration d'Artémis.
Aux côtés de François Pinault depuis 1989, alors qu'il s'investit dans l'industrie du bois, la directrice financière a toujours refusé « de se prendre pour quelqu'un de la famille », afin de mieux « défendre ses intérêts globaux », déclarait-elle à Challenges en 2005.
Figure de la place de Paris
C'est pourtant elle qui dès le début des années 90 suggère la création d'une structure patrimoniale à François Pinault et évoque Artémis, le nom de la déesse de la chasse. L'ancienne trésorière de Renault Véhicules industriels, que François Pinault rattrapera de justesse avant qu'elle ne parte chez Axa, oeuvrera ensuite aux grandes acquisitions de la famille, du rachat de Gucci à la maison de ventes aux enchères Christie' s, en passant par Saint Laurent.
La mélomane et présidente de la Philharmonie de Paris veillera de même à la succession de François Pinault par son fils François-Henri en 2003.
Une figure de la place
L'épouse d'un ancien patron de Barclays Capital (à la tête aujourd'hui de l'australien ANZ en France), est entre-temps devenue une figure de la place de Paris. Administratrice de Total, un mandat toujours actif, puis de Bouygues, Air France et PSA, c'est elle qui fut désignée par Nicolas Sarkozy pour présider à la stratégie d'investissement du fonds souverain à la française, l'ex FSI. Rien ne filtre aujourd'hui sur les projets de celle qui investit à ses heures, de longue date, comme « business angel ».
Anne Drif