Attention, les antibiotiques font grossir les bébés

Selon la revue « Prescrire », la fréquence de l'obésité est augmentée de 10 à 15 % chez les jeunes enfants ayant reçu ce type de traitement avant 2 ans.

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L’étude de cohorte britannique montre même une augmentation allant jusqu’à 50 % chez des enfants de 4 ans ayant été exposés cinq fois aux antibiotiques au cours de leurs deux premières années.
L’étude de cohorte britannique montre même une augmentation allant jusqu’à 50 % chez des enfants de 4 ans ayant été exposés cinq fois aux antibiotiques au cours de leurs deux premières années. © SIMON ISABELLE/SIPA / SIPA

Temps de lecture : 2 min

« L'obésité, le surpoids ou la prise de poids semblent plus fréquents chez les enfants exposés durant les deux premières années de leur vie à plusieurs cures d'antibiotiques par voie générale. » La conclusion d'un article paru dans le numéro de décembre de la revue médicale Prescrire mérite d'être diffusée et portée à la connaissance de tous, médecins prescripteurs et parents (parfois très demandeurs…). Le constat est en effet alarmant : « La fréquence de l'obésité semble augmentée d'environ 10 à 15 % selon la plupart des études. (…) Ces éléments constituent un argument de plus pour envisager attentivement et au cas par cas la balance bénéfice-risques de la prescription d'antibiotiques chez un enfant, sans banalisation ni automatisme. »

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La prise de poids est, d'abord, la conséquence d'un déséquilibre de la balance énergétique entre les apports et les dépenses, mais aussi de facteurs génétiques, endocriniens, environnementaux, sociaux plus ou moins bien identifiés, rappellent les auteurs de cet article. Certaines données évoquent le rôle de la flore intestinale qui se constitue dès les premières années de vie. Cette flore a des fonctions diverses, notamment métaboliques, et elle semble jouer un rôle dans la croissance et l'augmentation de la masse grasse. Or les antibiotiques modifient ce « microbiote », au moins de façon transitoire. Et la prise répétée de ces traitements pourrait, ainsi, être un facteur de prise de poids.

Un risque plus important en cas de cures répétées

L'équipe de Prescrire a analysé onze études de cohorte. Parmi elles, sept – ayant rassemblé environ 300 000 enfants – ont montré une élévation statistiquement significative du risque d'augmentation de l'indice de masse corporelle (qui indique la corpulence et se calcule en divisant la masse par le carré de la taille) et même d'obésité en cas de prise d'au moins une cure d'antibiotiques avant l'âge de 2 ans. Et plusieurs études ont mis en évidence un risque d'obésité plus important en cas de cures répétées. L'étude de cohorte britannique montre même une augmentation allant jusqu'à 50 % chez des enfants de 4 ans ayant été exposés 5 fois aux antibiotiques au cours de leurs deux premières années, par rapport à des jeunes n'ayant jamais reçu de tels traitements. D'ailleurs, rappellent les auteurs, il est connu de longue date que l'administration d'antibiotiques favorise la prise de poids chez les animaux d'élevage.

Enfin, les risques diffèrent selon les familles d'antibiotiques prescrites. Ils semblent plus marqués avec les macrolides (indiqués notamment pour lutter contre certaines infections pulmonaires, respiratoires et cutanées) qu'avec les autres. Il n'est évidemment pas question de s'en passer. Mais à une période où l'inquiétude grandit face à la montée des résistances, le risque de provoquer un surpoids, voire une obésité chez de jeunes enfants est un argument de plus pour utiliser ces précieux médicaments avec parcimonie. Le vieux slogan « Les antibiotiques, c'est pas automatique » est plus que jamais d'actualité.

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Commentaires (14)

  • JLL

    Depuis toujours les parents ne savent plus comment réagir face à une affection infantile bénigne qu’il s’agisse de rhino-pharyngite, otite, angine, virales, par manque d’information, et trop de médecins ignorants prescrivent des antibiotiques, alors qu’il suffit d’attendre trois jours, en calmant les douleurs ou la fièvre et ces affections guérissent, au delà de ce délai on peut évoquer alors une origine bactérienne.
    Voilà le discours que j’ai tenu pendant plus de 40 années auprès de mes patients sans complications, ni aggravation.
    Prescrire n’est hélas connu que d’une minorité de médecins, tous les autres dénigrent cette revue, sans en avoir lu une ligne, c’est ainsi que l’on a un système de santé qui devient au fil des années obsolète.

  • Slycoyote

    @ Papili-aussi le 03/12/2017 à 09 : 18 : il semble bien qu'un brevet, datant de 2010 et déposé par MONSANTO, a pour but d'exploiter cet effet, peut-être pour tenter de continuer à exploiter les profits de ce produit ?
    Il faut donc réfléchir, mais pas seulement...
    https : //docs. Google. Com/viewer ? Url=patentimages. Storage. Googleapis. Com%2Fpdfs%2FUS7771736. Pdf

  • bonsens9

    C’est mon avis aussi