Violences répétées : deux ans de prison pour l'ex-conjoint

  • Après le délibéré, le trentenaire a été maintenu en détention. Il devra purger une peine de deux ans de prison, dont une année assortie du sursis avec mise à l'épreuve.
    Après le délibéré, le trentenaire a été maintenu en détention. Il devra purger une peine de deux ans de prison, dont une année assortie du sursis avec mise à l'épreuve. Photo CB
Publié le , mis à jour
O. L.

Des faits de violences sur sa compagne de juin 2016 à août 2017, et le non-respect, le 30 novembre dernier, d'une ordonnance de protection décidée par le juge des affaires familiales, ont conduit un Carcassonnais de 34 ans devant le tribunal correctionnel, hier après-midi, dans le cadre d'une comparution immédiate.

En août dernier, une jeune femme de 19 ans vient déposer plainte au commissariat. Elle explique aux policiers avoir eu une relation avec le prévenu, de mars 2016 à août 2017. Mais, quand elle découvre à la fin du mois de juin qu'elle est enceinte, le calvaire de la jeune femme commence. Elle décrit des violences répétées : «Je ne me souviens pas d'un jour où il ne m'ait pas frappée», raconte-t-elle à l'audience, hier après-midi.

«Je ne me souviens pas d'un jour où il ne m'ait pas frappée»

Coups de pied, coups avec des objets métalliques, un manche à balai qu'il brise sur elle, brûlures de cigarettes, humiliations quotidiennes, la liste de ce qu'elle a subi est longue. Jusqu'au 21 février 2017, le jour de son accouchement, dont elle fait un récit «effroyable» selon les termes de la présidente de l'audience. Alors qu'elle perd les eaux, son compagnon de l'époque refuse de l'amener à l'hôpital ou d'appeler les pompiers : «J'avais des bleus sur le corps, il ne voulait pas qu'on les voie. J'ai dû accoucher dans l'appartement, et ce sont les voisins qui ont fini par appeler les pompiers. Il m'a mis du fond de teint sur le corps pour cacher les marques. Pendant que j'accouchais, il m'a mis des coups de pied dans le dos», raconte la jeune femme aux policiers lorsqu'elle porte plainte.

En juillet 2017, alors que le couple revient du Maroc, la victime décide de partir. «Il m'a frappée alors qu'il avait ma fille dans les bras, elle a pris un coup».

Quelques semaines plus tard, le juge des affaires familiales ordonne une mesure de protection pour la jeune femme, son ex-compagnon n'est plus censé l'approcher. Mais le 30 novembre dernier, l'homme se rend chez son ex-compagne aux alentours de 4 h du matin. Il tambourine à la porte, menace de la défoncer, jusqu'à ce que la jeune femme appelle la police. Il sera interpellé dans la rue quelques minutes plus tard.

Néammoins, le prévenu livre une toute autre version de leur relation : il n'était pas au courant de l'ordonnance de protection, les violences venaient des deux côtés, il ne faisait que répondre à ses agressions, et le jour où elle accouchait, il a cru qu'elle avait une intoxication alimentaire après avoir mangé un kebab.

«Dans un déni total»

Des déclarations «inadmissibles» selon l'avocate de la partie civile. «Il l'a mise en danger, et il donne des explications qui ne tiennent pas debout. Il y a suffisamment de preuves de ces violences, des certificats médicaux, des photographies, une incapacité totale de travail de 10 jours, mais on a quelqu'un dans le déni, et qui reste dangereux car il ne s'en rend pas compte», s'est-elle indignée.

Une analyse partagée par la substitut du procureur Sun-Yung Lazare : «Les faits sont d'une telle gravité que je ne peux pas requérir autre chose que de l'emprisonnement ferme». Une peine de 24 mois de prison, pour partie assortie du sursis avec mise à l'épreuve et maintien en détention a donc été requise par Sun-Yung Lazare.Des réquisitions sur lesquelles les juges du tribunal correctionnel se sont alignés, condamnant le prévenu à deux ans de prison, dont la moitié assortie du sursis avec mise à l'épreuve, et maintien en détention. À sa sortie de prison, il devra suivre des soins, et a l'interdiction de s'approcher ou de prendre contact avec la victime.