James Baldwin : "Je n’étais pas beau. Ni boxeur, ni chanteur, ni danseur, j'étais coincé alors j'ai pensé que je pouvais être écrivain"

James Baldwin à Saint Paul de Vence en 1979 ©AFP - RALPH GATTI
James Baldwin à Saint Paul de Vence en 1979 ©AFP - RALPH GATTI
James Baldwin à Saint Paul de Vence en 1979 ©AFP - RALPH GATTI
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James Baldwin accorda un long entretien à Eric Laurent en juin 1975. Il fut diffusé en cinq volets sur France Culture. Diffusion du 1er volet dans lequel l'écrivain américain évoque notamment sa jeunesse, la pauvreté, le racisme, sa vocation d'écrivain, l'arrivée en France...

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Du roman en partie autobiographique, Go Tell It on the Mountain, paru en 1953, à Quartett, son dernier roman quelque peu apaisé, en passant par le théâtre, les multiples essais polémiques et politiques en faveur de l'émancipation des Noirs aux Etats-Unis, La prochaine fois, le feu, paru en 1962 et dont l'effet fut celui d'une bombe, lui valut une notoriété mondiale. L'oeuvre polymorphe et inquiète de Baldwin fut longtemps oblitérée par le personnage qui hantait le Saint-Germain-des Prés de la fin des années 40 et le militant, ex- pasteur, d'une pauvre famille de Harlem qui haranguait si bien les foules. 

Aujourd'hui que les cendres brûlantes ont recouvert les mouvements pacifistes ou violents des Noirs américains des années 60, il est temps de redécouvrir l'oeuvre dans toute sa richesse et ses ambivalences. La révolte violente d'un Richard Wright, par exemple, est compensée par les paroles d'amour et d'apaisement de James Baldwin, sous l'oeil, évidemment, du FBI. Car Baldwin est l'homme par excellence de l'entre-deux, de l'exil, et il ne pouvait sans doute jamais tout à fait réconcilier en lui le Noir et le Blanc, le féminin et le masculin, la pulsion érotique et la demande de l'impossible amour qui abolirait toute frontière, l'Amérique et l'Europe, New York et Paris, et à la fin de sa vie, Saint-Paul-de Vence où il tentait de guérir de ses blessures et de son pessimisme et où il mourut d'un cancer en 1987. 

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Eric Laurent l'avait rencontré à Saint-Paul de Vence en 1975 : Noir ou américain, c'est en tant qu'écrivain que James Baldwin voulait être connu et reconnu, et c'est ainsi qu'il faut avant tout le lire et l'écouter. 

Je n’étais pas boxeur, je n’étais pas beau, je n’étais pas chanteur, je n’étais pas danseur j’étais drôlement coincé la seul chose que j’ai pensé est que peut-être je pouvais être écrivain. A 17 ans je me suis rendu compte que je n’avais pas grand-chose il a fallu essayer de devenir écrivain. 

Sur le déclic qui l'a amené à l'écriture : 

Je voulais essayer de sauver ma famille, j’avais une seule arme, j’étais forcé, je n’avais pas autre chose, mais à cette époque-là, l’idée de devenir écrivain était si outrée, surtout d’où je viens. En étant écrivain je pouvais être professeur. Si je dois trouver un déclic c’est le jour où quand j’étais très jeune en rentrant j’ai trouvé ma famille dehors dans la neige. Alors j’ai décidé qu’il faut que j’achète une maison parce que à ce moment-là personne ne peut jeter ma famille dans la neige parce que c’est moi le propriétaire, j'avais 14 ou 15 ans. 

Sur son premier séjour en France :

Les deux rôles pour les noirs américains à cette époque pour les français c’était musicien ou GI. Or je n’étais ni GI ni musicien j’étais donc un peu douteux. J’étais douteux de toute manière car j’écrivais… « ho, ho celui-là il se prend pour écrivain … » et aussi je n’avais aucun moyen de vivre. Pendant 3 ans à Paris j’étais souvent dans la rue.

Ecouter le 2ème entretien le 3ème, le 4ème et le dernier.

  • Production : Eric Laurent -  Réalisation : Marie-Andrée Armynot
  • Entretiens avec James Baldwin 1/5 - 1ère diffusion : 09/06/1975
  • Indexation web : Sandrine England Documentation Sonore de Radio France  
  • Archive Ina Radio France

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