EDF perd du terrain face aux nouveaux fournisseurs d'électricité
L'opérateur historique perd en moyenne 100.000 clients par mois, selon le dernier bilan de la Commission de régulation de l'énergie.
Par Pierre Demoux
EDF continue de lâcher du terrain aux fournisseurs alternatifs d'électricité. Un rapport par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) montre que l'opérateur historique a perdu 325.000 clients au troisième trimestre, après en avoir déjà abandonné un demi-million lors des six premiers mois de l'année.
Les concurrents d'EDF continuent ainsi de grignoter petit à petit des parts de marché : ils fournissent désormais 17 % des quelque 32,2 millions de clients résidentiels, soit une hausse de 5,8 % en trois mois à fin septembre. Et ils profitent même d'un mouvement encore plus prononcé chez les professionnels (collectivités territoriales et entreprises), où la fin des tarifs réglementés leur a bénéficié en premier lieu.
EDF perd 100.000 clients par mois
EDF à la conquête de nouveaux marchés
Au total, tous marchés confondus, les fournisseurs alternatifs captent quasiment 30 % des volumes d'électricité vendus dans l'Hexagone, quand ils n'en avaient que 15 % il y a trois ans. Le profil de ces derniers est très divers. Se côtoient ainsi des gros bras tricolores de l'énergie en quête de diversification, comme Engie et Total (qui a lancé en octobre son offre Spring) ; un outsider, Direct Energie, né en 2003 et devenu le numéro trois du marché, avec 2 millions de clients ; des énergéticiens étrangers de poids, comme l'italien ENI ; et des petits nouveaux ambitieux, tels que Cdiscount, Enercoop, ekWateur ou, dernièrement, Butagaz.
Certes, il n'y a pas péril en la demeure pour EDF : dix ans après l'ouverture à la concurrence des marchés de l'énergie (gaz et électricité), il fournit encore 27,7 millions de sites résidentiels et professionnels. Mais la montée en puissance continue des nouveaux acteurs a incité l'électricien public à décréter une mobilisation générale pour stopper l'hémorragie.
Cela passera par la vente de « services de confort, de bien-être et de performance énergétique » pour ses clients et par la conquête de nouveaux marchés, « y compris en s'ouvrant à d'autres domaines que l'énergie ».
Remontée des prix de marché
Alors que la consommation d'électricité est stable depuis plusieurs années, EDF vise ainsi « 20 % d'activités nouvelles en 2022 ». Il peut aussi espérer, à court terme, que la remontée des prix de marché de l'électricité ces dernières semaines réduise l'espace économique de ses concurrents - en les poussant à devoir se montrer moins agressifs sur les prix.
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Mais l'électricien doit également se préparer au risque de disparition du tarif réglementé, réclamée par ses concurrents à coups de recours et souhaitée par la Commission européenne. Un « risque et une opportunité », disait le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, il y a quelques mois.
(avec Véronique Le Billon)