Des eurodéputés dénoncent le racket organisé à la frontière turco-bulgare

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Deux eurodéputés de centre gauche ont révélé de graves cas de corruption à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, et enjoignent à Sofia de prendre des mesures.

L’eurodéputée néerlandaise Kati Piri et sa collègue belge Kathleen van Brempt affirment avoir reçu de nombreuses plaintes de citoyens européens, surtout de Belgique et des Pays-Bas, ayant voyagé en Turquie en voiture pendant les vacances d’été.

Les eurodéputées soutiennent que des incidents de corruption du côté bulgare de la frontière sont rapportés depuis des années, et qu’il est grand temps que le gouvernement prenne des mesures pour régler le problème.

La présidence bulgare s'annonce iconoclaste

Dans un style très direct, le Premier ministre bulgare a demandé au président de la Commission européenne quels seraient les risques géopolitiques durant la présidence bulgare de l’UE. Une question restée sans réponse.

La plupart des plaintes décrivent des situations dans lesquelles les gens doivent payer des pots-de-vin pour éviter des contrôles de voiture approfondis, ou pour la « désinfection » obligatoire des voitures, indique le rapport, qui précise que cette désinfection coûte 3 euros et n’est rien d’autre que de faire passer la voiture sur une flaque d’eau boueuse.

Des frais de désinfection avaient été introduits en 2011 à cause d’une épidémie de fièvre aphteuse en Turquie, mais les eurodéputées soutiennent que rien ne justifie aujourd’hui la poursuite de cette procédure obligatoire et préventive à la frontière bulgare.

« Les autorités grecques nous ont confirmé qu’il n’existait aucune directive spécifique sur la désinfection des véhicules entrants depuis la Turquie puisqu’actuellement, il n’y a aucun virus ou épidémie dans les pays voisins qui pourrait mettre en danger la santé publique », souligne le rapport.

« De la décontamination à la frontière ? Un jet d’eau boueuse sur votre voiture pour lequel vous devez payer 3 € ? C’est tout simplement du vol légitimé. Si chaque conducteur paie cette somme, faites le calcul », commente un citoyen européen.

Pour Kati Piri, les droits des citoyens européens sont violés par un pays qui détiendra bientôt la présidence de l’UE.

« Cette corruption doit prendre fin. La Bulgarie a rejoint l’UE il y a dix ans et a reçu des millions d’euros d’aides pour mettre fin à la corruption, mais jusqu’à présent, peu de progrès ont été réalisés », a-t-elle assuré.

«La présidence bulgare va donner l’occasion de lutter contre la corruption»

Longtemps leader du groupe S&D au Parlement européen, l’eurodéputé Hannes Swoboda partage sa vision de la politique bulgare, alors que le gouvernement s’apprête à prendre la présidence du Conseil de l’UE.

La Bulgarie prendra la tête de la présidence tournante de l’UE à partir du 1er janvier 2018. Avec ce rapport, les eurodéputées veulent envoyer un message politique fort aux autorités bulgares.

Dans le rapport consulté par Euractiv, un citoyen européen témoigne : « j’ai traversé la frontière en Bulgarie. Nous avons attendu pendant dix longues heures. La police de contrôle aux frontières m’a demandé de l’argent. J’ai dû mettre dix euros dans mon passeport. Si vous refusez, ça peut durer encore longtemps. »

Un autre témoignage fait état d’une valise ouverte et entièrement vidée. « Si vous n’avez pas de liquide, ils vous demandent du Red Bull ou un paquet de cigarettes. »

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