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Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël : l'irresponsabilité du Crif

Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël : l'irresponsabilité du Crif

Israël-Palestine

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Après que le président américain a pris une initiative condamnée par les dirigeants du monde entier, le Conseil représentatif des institutions juives a appelé Emmanuel Macron à imiter Donald Trump, dans un communiqué publié ce jeudi 7 décembre.

Dans le concert de critiques qui a accueilli la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, le Crif a apporté une voix discordante ce jeudi 7 décembre. Par le biais d'un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives a "salué la décision historique du Président américain Donald Trump". Son président, François Kalifat, très offensif dans sa rhétorique, a jugé que le choix de Trump était "la meilleure des réponses aux tentatives de falsification historique menée inlassablement par les pays arabes et les palestiniens à l'Unesco et à l'ONU sur le statut de Jérusalem." Le Crif est même allé encore plus loin, en indiquant au président de la République quelle politique étrangère il devait mener ; Emmanuel Macron est ainsi invité à "engager notre pays dans la même démarche courageuse".

Partout ailleurs, c'est avec une très vive inquiétude qu'a été accueilli le choix de Donald Trump. Emmanuel Macron, justement, a déclaré que c'était "une décision regrettable que la France n'approuve pas, et qui contrevient au droit international et aux résolution du Conseil de sécurité de l'Onu". Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a expliqué s'être "toujours opposé aux mesures unilatérales susceptibles de compromettre le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens". Du côté palestinien, le président Mahmoud Abbas a affirmé que les Etats-Unis "sapaient délibérément tous les efforts de paix" par cette annonce. Le Hamas a appelé à une nouvelle "Intifada" après l'annonce de Trump.

L'irresponsabilité du Crif

Alors que la mesure menace d'embraser une nouvelle fois le Proche-Orient, le Crif a donc décidé de soutenir ouvertement Donald Trump dans son entreprise, s'alignant ainsi sur les positions de Benjamin Netanyahu et de la droite dure israélienne. Ce faisant, l'organisation prend une initiative très risquée : comme indiqué sur son site, le Crif est "l’organe de représentation politique de la communauté juive organisée et son porte-parole". En soutenant une décision aussi extrémiste et connotée politiquement, le Crif est-il vraiment dans son rôle ? Non. Les juifs de France n'ont pas nécessairement le même avis que Benjamin Netanyahu et le Crif sur la résolution du conflit israélo-palestinien, loin de là. Plus encore, leurs intérêts ne sont pas ceux de l'Etat d'Israël. Le Crif le rappelle pourtant sur son site : il doit être une "institution pleinement républicaine" qui a vocation à défendre les juifs de France, et pas à représenter le gouvernement israélien dans notre pays.

Alors que l'antisémitisme atteint des proportions alarmantes en France - Marianne a alerté sur ce sujet dans son numéro du 10 novembre - le Crif expose les juifs de France aux pires amalgames. Comment ne pas craindre qu'on attribue à des citoyens français de confession juive des positions qu'ils n'ont jamais tenu sur le conflit israélo-palestinien ? Dans un contexte de tension extrême le Crif a malheureusement choisi de jeter de l'huile sur le feu.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne