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Paléontologie

Halszkaraptor, le dinosaure amphibie qui ressemblait à un cygne avec une gueule de crocodile

Le synchrotron de Grenoble a permis d'étudier l'étonnante anatomie du dinosaure Halszkaraptor. Il présente les caractéristiques du vélociraptor, mais également du cygne et du crocodile, ce qui en fait le premier dinosaure amphibie !

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Dites bonjour au Halszkaraptor, dinosaure de la famille des raptors muni d'une griffe tueuse lui permettant d'égorger ses proies.

Dites bonjour au Halszkaraptor, dinosaure vieux de 72 millions d'années de la famille des Raptors qui était muni d'une griffe tueuse lui permettant d'égorger ses proies.

ESRF / Lukas Panzarin

Halszkaraptor escuilliei est un bien curieux dinosaure : doté d'une queue évoquant celle du Vélociraptor (le terrible prédateur sévissant dans les films de la saga Jurassic Park) ainsi que de leur "griffe tueuse" en forme de faucille sur le pied, d'un long cou similaire à celui d'un cygne, mais aussi d'un bec de crocodile. Une mosaïque de traits si hétéroclite que les paléontologues n'y ont tout d'abord pas cru ! "La première fois que j'ai examiné ce spécimen, je me suis interrogé sur l’authenticité de ce fossile", explique Andrea Cau, paléontologue au Musée géologique Giovanni Capellini à Bologne, Italie. C'est là qu'intervient le synchrotron européen de Grenoble (ERSF), où le fossile a pu être expertisé grâce à une méthode de scan en 3D. Le verdict de l'équipe internationale, qui a fait l'objet d'une publication dans la revue Nature, est formel : ce fossile n'a rien d'un canular ! Les représentants de l'espèce sévissaient il y a 75 millions d'années, pendant le Crétacé.

Le synchrotron de Grenoble révèle un étonnant prédateur amphibie

La méthode d'imagerie déployée par le synchrotron européen de Grenoble (ESRF), la microtomographie multi-résolution par rayons X, a permis de révéler l'anatomie du fossile découvert dans le sud de la Mongolie. "C'est actuellement la méthode la plus performante et la plus précise pour révéler les plus infimes détails d'un fossile sans l'endommager", explique Paul Tafforeau, paléontologue à l'ESRF. De quoi confirmer que "le squelette n'était pas un composite assemblé à partir de différentes parties de dinosaures", mais une véritable espèce, commente Dennis Voeten, doctorant, mais aussi révéler les traits distinctifs enfouies au cœur de la gangue de roche entourant le fossile, comme "de nombreuses dents, dont aucune n'est visible à l'extérieur", ou un "système neuro-vasculaire dans le museau ressemblant beaucoup à celui des crocodiles modernes, ce qui suggère qu'il s'agissait d'un prédateur aquatique", poursuit Vincent Beyrand, chercheur à l'ESRF.

CANARD. Le tout permet d'établir le portrait-robot de Halszkaraptor. Il se rapporte au clade des Thérapodes (auquel appartiennent le Tyrannosaurus rex et le Velociraptor), et représente ainsi la première espèce connue d'un nouveau groupe de dinosaures amphibies, capables de chasser sur la terre ferme en courant sur deux pattes comme un canard, mais aussi de se déplacer dans l'eau ! Sous ses airs affables de cygne blanc, il s'agissait d'un véritable tueur. Son long cou, évoquant celui du cygne, lui servait à pêcher en embuscade dans l'élément aquatique. Avant de dévorer ses proies avec ses dents et son museau de crocodile...  Le dinosaure partage avec le raptor, son lointain cousin, la même "griffe tueuse", une griffe de la patte arrière très développée lui permettant d'égorger sa proie. "Ce mode de vie, combinant des caractéristiques de reptiles aquatiques et d'oiseaux nageur, n'avait jamais été identifié chez un dinosaure auparavant", s'enthousiasme Andrea Cau, l'auteur principal de l'étude.

Commerce illicite : le si long voyage du fossile

L'histoire de la découverte du fossile est aussi singulière que son anatomie. Il a été découvert dans le sud de la Mongolie, à Ukhaa Tolgod, une localité du sud de la Mongolie  connue des paléontologues depuis des décennies, et souvent la cible de chasseurs de fossiles. Ce spécimen n'y a pas échappé. "Exporté illégalement de Mongolie, Halszka a séjourné dans des collections privées dans le monde entier avant d'être acquis en 2015, et offert aux paléontologues pour étude et pour préparer son retour en Mongolie", explique Pascal Godefroit de l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique à Bruxelles. "Le commerce illicite des fossiles constitue un défi pour la paléontologie moderne", déplore-t-il.

Halszkaraptor, lui, n'a en tout cas pas été perdu pour la science. Son nom honore la mémoire de la paléontologue polonaise Halszka Osmólska, qui s'était spécialisée dans l'étude des dinosaures mongols du désert de Gobi. Le nom d’espèce est quant à lui dédié au paléontologue français François Escuillié, "pour son rôle dans la première reconnaissance de l’importance de ce fossile et pour ses efforts pour le retour du fossile en Mongolie", précise Khishigjav Tsogtbaatar de l'Institut de Paléontologie et de Géologie d'Oulan-Bator.

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