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Dix ans après la crise, les plus grandes banques de la planète grossissent encore

Selon une étude S & P Global Market Intelligence, certaines des plus grandes banques du monde ont encore grandi entre 2006 et 2017, malgré la crise financière. Le mouvement est spectaculaire en Chine.

Par Édouard Lederer

Publié le 6 déc. 2017 à 18:45

Voilà au moins une espèce qui n'est pas en voie de disparition, dix ans après la chute de Lehman Brothers. Les éléphants de la finance, ces géants bancaires dits « systémiques » - tant leur faillite provoquerait des problèmes en cascade dans l'ensemble de l'économie d'un pays ou d'une zone du globe - restent bien vivaces.

Selon une étude publiée par S & P Global Market Intelligence, certains de ces établissements déjà très importants par leur taille de bilan en 2006, à la veille du cataclysme, ont encore considérablement grandi, allant dans certains cas jusqu'à quadrupler de taille en dix ans !

Paradoxe de taille

Le paradoxe est lui aussi de taille, puisqu'une des leçons qu'avaient tirées les autorités de la crise financière, était justement que les Etats devaient éviter d'avoir à sauver, le couteau sous la gorge, des établissements considérés comme « too big to fail », c'est-à-dire « trop grand pour faire faillite » .

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A y regarder de plus près, les banques qui ont profité des dix dernières années pour grandir sont, d'une façon ou d'une autre, celles qui ont su surnager malgré la crise. Aux Etats-Unis, selon les données compilées par S & P, JPMorgan Chase est ainsi passée de 1.350 milliards de dollars d'actifs en 2006 à 2.560 milliards de dollars en 2017.

Les gagnants de la crise

Même mouvement pour Bank of America , dont les actifs ont progressé dans le même ordre de grandeur, passant en 10 ans de 1.460 milliards de dollars à 2.250 fin 2017. Outre-Atlantique, l'explication est limpide : l'après-Lehman a été rapidement marquée par des « sauvetages » de banques défaillantes sous formes de rachats. Les premiers de la classe ont ainsi renforcé leur emprise, et le modèle de « banque universelle » - proposant tous les services de la clientèle de détail jusqu'aux activités de marché - s'en est trouvé renforcé.

La logique est à peu près la même en Europe, même si le mouvement de progression y a été moins spectaculaire . BNP Paribas a vu ses actifs progresser rapidement entre 2006 et 2008 (passant de 1.640 milliards de dollars en 2006 à 2.370 milliards deux ans plus tard) au moment du rachat de Fortis en Belgique et au Luxembourg, pour ensuite se tasser avant de repartir à la hausse en 2014. La banque française joue désormais des coudes avec HSBC (2.490 milliards d'actifs en 2016). Quant au groupe Crédit Agricole, qui frôle les 2.000 milliards de dollars d'actifs en 2017, il a gagné 400 milliards d'euros d'actifs en 11 ans.

La première banque du monde

C'est enfin en Chine - pour des motifs assez éloignés de la crise financière - que les grands de la banque sont devenus des géants. Après l'intégration de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) , les établissements ont accompagné le décollage économique du pays. ICBC, qui ne comptait « que » 1.110 milliards de dollars d'actifs en 2006, atteint à présent les 3.760 milliards, ce qui en fait la première banque du monde ! La deuxième est elle aussi chinoise : China Construction Bank (CCB) a ainsi quadruplé de taille pour atteindre les 3.200 milliards de dollars d'actifs.

Des exigences particulières

Reste à savoir si ces banques systémiques présentent vraiment autant de danger qu'en 2006 . Ces géants se sont vus infliger un traitement spécial depuis la crise, à coups d'exigences renforcées en fonds propres (« coussin systémique »). De plus, elles restent soumises (en Europe et aux Etats-Unis) au « TLAC », ces fonds propres supplémentaires destinés à éponger les pertes de la banque si elles connaissaient de fortes difficultés.

Edouard Lederer

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