Crimée : Kiev n'interviendra pas militairement dans la péninsule

Crimée : Kiev n'interviendra pas militairement dans la péninsule
Des soldats non identifié tirent en l'air, le 4 mars 2014. (- / ATR / AFP)

L'Ukraine refuse de suivre le "scénario écrit par le Kremlin" pour le rattachement de la Crimée à la Russie, affirme le président par intérim Olexandre Tourtchinov.

Par AFP
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L'Ukraine refuse de suivre le "scénario écrit par le Kremlin" pour le rattachement de la Crimée à la Russie mais n'interviendra pas militairement préférant protéger sa frontière est, a déclaré mardi 11 mars à l'AFP dans un entretien à Kiev le président par intérim Olexandre Tourtchinov.

Recevant au Parlement après une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense, Olexandre Tourtchinov a raillé le référendum pour le rattachement à la Russie qu'organisent dimanche les autorités séparatistes de Crimée, une "farce" décidée depuis les "bureaux du Kremlin".

"Les militaires russes comptent là-dessus"

"Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière est et l'Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus", a dit Olexandre Tourtchinov, chef des armées ukrainiennes lors d'une interview au Parlement après avoir présidé une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense.

"A la frontière est de l'Ukraine sont concentrées d'importantes unités de blindés", a-t-il ajouté.

Dans ce climat de tension, plusieurs manifestations séparatistes ont eu lieu la semaine dernière à Donetsk et à Lougansk, villes de l'est russophone où des manifestants ont temporairement pris d'assaut les administration régionales et y ont hissé un drapeau russe. Des manifestations similaires avaient précédé l'occupation de la Crimée.

Olexandre Tourtchinov a été désigné président par intérim fin février après la destitution et la fuite en Russie de Viktor Ianoukovitch à l'issue de trois mois de contestation contre son régime qui s'est soldée par un bain de sang dans le centre de Kiev ayant fait plus de 100 morts.

Olexandre Tourtchinov a martelé que l'Ukraine, qui va "prochainement lancer une mobilisation partielle des réservistes", ne restera "pas impassible face à la poursuite de l'agression". Les Russes "peuvent attaquer nos unités militaires en Crimée, étendre leur agression sur le continent. L'armée va réagir", a-t-il lancé.

"Les Russes refusent tout contact"

Interrogé sur le scrutin organisé dans la péninsule peuplée de deux millions d'habitants et occupée depuis fin février par les forces russes, Olexandre Tourtchinov a fustigé un "référendum (qui) ne se déroulera pas en Crimée mais depuis les bureaux du Kremlin".

"C'est une farce, la plupart des habitants de Crimée vont boycotter cette provocation", a affirmé le chef de l'Etat, qui quittera son poste après l'élection présidentielle du 25 mai.

"Les militaires n'ont pas l'intention d'organiser le référendum, ils vont juste mettre de faux chiffres dans les procès-verbaux" des bureaux de vote, a-t-il ajouté.

Il a également souligné que le parquet avait lancé des avertissements aux représentants du pouvoir exécutif en Crimée de ne pas participer au référendum "anticonstitutionnel" sous peine de poursuites.

Olexandre Tourtchinov, dont le Kremlin ne reconnaît pas la légitimité, a déploré l'absence de contacts avec les responsables gouvernementaux russes. "Malheureusement pour l'instant, la Russie renonce à une solution diplomatique du conflit", a-t-il critiqué.

"Les Russes refusent tout contact au niveau des ministères des Affaires étrangères et des dirigeants" bien que la communauté internationale "demande à la Russie d'ouvrir des négociations de paix", a-t-il souligné.

La Russie "se comporte comme agresseur"

Alors que le Premier ministre Arseni Iatseniouk est en route pour les Etats-Unis où il va rencontrer mercredi le président Barack Obama, Olexandre Tourtchinov a dit compter sur le soutien des Occidentaux "pour arrêter l'agression russe".

La Russie "se comporte comme agresseur au lieu de remplir ses engagements", a encore déclaré le président par intérim, faisant référence au "Memorandum de Budapest", regroupant plusieurs protocoles signés en 1994 - dans le cadre de l'adhésion de l'Ukraine au traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) - avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et garantissant l'intégrité territoriale du pays.

"Les Etats-Unis et l'UE doivent forcer la Russie à arrêter l'agression militaire et les provocations contre l'Ukraine", a-t-il souligné.

"L'Ukraine a besoin d'une aide importante, non seulement économique, mais militaro-technique", a-t-il dit sans plus de précision.

M. Tourtchinov s'est par ailleurs voulu apaisant sur la très sensible question linguistique qui divise la pays et qui a justifié, selon Moscou, l'intervention en Ukraine Vladimir Poutine affirmant vouloir "protéger les russophones".

"Les spéculations russes concernant la discrimination des russophones sont du délire", a-t-il dit, tout en rappelant qu'une commission parlementaire composée de représentants des régions russophones et ukrainophones avait été mise en place pour élaborer un compromis.

AFP
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