Un vendredi soir le mois dernier, je suis allée à Manhattan animer un débat sur la nécessité ou non d’abandonner le capitalisme. C’était organisé par la revue socialiste Jacobin, et des rédacteurs de la publication libertarienne Reason étaient présents pour défendre le capitalisme. Tous les billets disponibles pour les 450 sièges prévus au départ étant partis en une seule journée, Jacobin avait choisi un autre lieu pour l’événement, avec deux fois plus de places. Il avait suffi de huit heures pour écouler les billets supplémentaires.
Quand je suis arrivée, la queue s’étirait sur plusieurs pâtés de maisons. En marchant jusqu’à la porte d’entrée, j’avais l’impression de faire partie des invités d’une boîte de nuit underground. La plupart des personnes présentes étaient âgées d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, membres de cette génération particulièrement méfiante envers le capitalisme, un système que la plupart de leurs aînés ne songeaient pas du tout à remettre en cause.
Un dieu qui a échoué dans son œuvre
La très anticommuniste Fondation pour la mémoire des victimes du communisme (Victims of Communism Memorial Foundation) a découvert avec effroi dans un récent sondage que 44 % des enfants du millénaire (les Millennials) [nés entre les années 1980 et 2000] préféreraient vivre sous un régime socialiste, contre 42 % souhaitant habiter dans un État capitaliste. Pour les Américains plus âgés, l’effondrement du communisme avait semblé montrer l’absence d’alternative au capitalisme. Cependant, il n’est pas étonnant, compte tenu de la nature de plus en plus oligarchique de notre économie, qu’aux yeux de nombreux jeunes le capitalisme ressemble désormais à un dieu qui a échoué dans son œuvre.
La preuve la plus évidente en est l’adoption du lamentable projet de réforme fiscale par le Sénat samedi 2 décembre aux premières heures du matin, une proposition de loi qui rendra les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Selon, le Centre d’études des politiques fiscales (Tax Policy Center, un organisme américain indépendant), le texte de loi [qui fait désormais l’objet d’une négociation avec la Chambre des représentants] concentre les baisses d’impôts les plus lar
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Avec 1 600 journalistes, 35 bureaux à l’étranger, 130 prix Pulitzer et plus de 10 millions d’abonnés au total, The New York Times est le quotidien de référence aux États-Unis, dans lequel on peut lire “all the news that’s fit to print” (“toute l’information digne d’être publiée”).
Dans son édition dominicale, on trouve notamment The New York Times Book Review, un supplément livres qui fait autorité, et l’inégalé New York Times Magazine. La famille Ochs-Sulzberger, qui, en 1896, a pris la direction de ce journal créé en 1851, est toujours à la tête du quotidien de centre gauche.
Quant à l’édition web, qui revendique à elle seule plus de 9 millions d’abonnés fin 2023, elle propose tout ce que l’on peut attendre d’un service en ligne, avec en plus des dizaines de rubriques spécifiques. Les archives regroupent des articles parus depuis 1851, consultables en ligne à partir de 1981.