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Biodiversité

En Afrique centrale, la faune fait les frais de l'instabilité politique

Dans un rapport, l'ONG Traffic alarme sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité en Afrique centrale, dans une zone particulièrement instable.

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Bongos

Les bongos sont une cible privilégiée des groupes armés.

© Mint Images / Rex Featu/REX/SIPA

Groupes armés et braconniers exercent une "pression énorme" sur les espèces sauvages, notamment les éléphants, dans les aires protégées d'Afrique centrale, profitant de l'instabilité qui règne dans la région, révèle un rapport de l'ONG Traffic publié le 8 décembre 2017

Une zone particulièrement instable où la corruption est courante

Cette étude se concentre sur trois parcs nationaux aux confins de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Centrafrique. Elle indique que le "braconnage est répandu dans toute la région et ses principaux auteurs sont des groupes armés non-étatiques, des acteurs étatiques, des éleveurs armés et des braconniers indépendants". Ces acteurs, en particulier "l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), les Janjaweeds (milice soudanaise) et d’autres milices non-étatiques, exercent une pression énorme sur les populations d’espèces sauvages dans ces aires protégées", les parcs de la Garamba et Bili (nord de la RDC), ainsi que la réserve de Chinko (sud-est de la RCA). Les groupes armés "ciblent en particulier les grands mammifères, notamment les bongos (une grande antilope, NDLR), les buffles, les éléphants et les hippopotames", explique l'étude de terrain, menée dans près de 90 villages de la région.

Ainsi, la LRA vise en priorité les populations d’éléphants depuis une décennie. En 2015, des organismes de veille ont signalé que Joseph Kony, le chef de ce groupe rebelle ougandais, avait demandé à ses combattants "d’obtenir 100 défenses d’éléphant dans le complexe de la Garamba, sur une période de neuf mois". Malheureusement, le rapport révèle que "la corruption dans la région constitue un obstacle majeur à l'application des lois", alors que "les autorités nationales et locales, y compris les FARDC (armée congolaise), ont été impliquées directement dans le braconnage ou ont facilité le braconnage et le trafic", poursuit l'ONG. Des informations indiquent cependant que "le braconnage par les soldats des FARDC a diminué ces dernières années grâce à une collaboration plus étroite avec les autorités des parcs".

Par ailleurs, "certains éleveurs Fulani nomades de bétail représentent une grave menace pour les espèces sauvages" dans toute cette région, s'inquiète également Traffic. "Il est avéré que les Fulani et les Mbororo (un sous-groupe Fulani), souvent lourdement armés pour leur protection, tuent des élans de Derby et des buffles pour les vendre comme viande de brousse et empoisonnent des prédateurs, tels que les lions, pour prévenir les attaques contre leur bétail". Des Fulani "sont aussi impliqués dans le trafic transfrontalier de produits comme l'ivoire et la peau de léopard, principalement vers le Sud-Soudan et l'Ouganda", selon Traffic. "Selon des informateurs clés, un réseau indépendant et militarisé de braconnage cible les grands mammifères dans ces aires protégées" de cette partie de l'Afrique centrale frappée par "l'instabilité politique, l'absence de gouvernance et de maintien de l'ordre", souligne par ailleurs l'ONG.

"Les communautés environnantes exercent également une pression sur la faune sauvage locale"

"Ces braconniers vendent la viande à des individus et à des restaurants dans les villes et les villages périphériques, et transportent les produits de valeur, comme l'ivoire, les peaux et d'autres trophées, vers les grandes municipalités pour continuer de financer le braconnage. Ce groupe est constitué d'acteurs locaux et étrangers, équipés d'armes semi-automatiques". "Les communautés environnantes exercent également une pression sur la faune sauvage locale", relève Traffic, ce qui "fragilise davantage des populations d'espèces menacées et déjà en déclin, comme les éléphants et les chimpanzés". La chasse est en effet "une source de revenus" pour les habitants, avec près de 20 % des hommes dans le nord-est de la RDC qui admettent "pratiquer le braconnage à petite échelle".

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