Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture a dénoncé mercredi «l'impunité» dont jouissent les responsables du programme «d'interrogatoires poussés» de la CIA et a appelé les autorités américaines à traduire les responsables devant la justice.

Dans un communiqué, le rapporteur spécial Nils Melzer rappelle qu'un rapport de la commission du Renseignement du Sénat américain reconnaissait en 2014 que la CIA avait eu recours à des pratiques assimilables à des tortures pour les interrogatoires de jihadistes dans ses sites secrets après les attaques du 11 septembre 2001.

«A ce jour cependant, les auteurs et les politiques responsables de ces abus horribles n'ont pas été traduits devant la justice et les victimes n'ont pas reçu de compensations ni n'ont été réhabilitées», affirme-t-il.

«Les États-Unis se trouvent en violation manifeste de la Convention contre la torture», estime le rapporteur spécial, selon lequel Washington «envoie un message dangereux de complaisance et d'impunité» aux États-Unis et dans le monde».

Nils Melzer s'inquiète notamment du cas des prisonniers détenus depuis longtemps dans un isolement quasi complet.

Ammar al-Baluchi, neveu du cerveau présumé du 11-Septembre Khaled Cheick Mohammed (KSM) et lui-même accusé d'avoir participé au financement des attentats du 11-Septembre, est ainsi «détenu à l'isolement dans une zone à l'accès sévèrement réglementé de Guantanamo depuis plus d'une décennie».

Al-Baluchi avait été auparavant détenu sur un site secret de la CIA pendant trois ans et demi au cours desquels il a subi des «tortures incessantes». Son nom est cité à 153 reprises dans le rapport sénatorial.

Depuis qu'il est détenu dans la prison américaine sur l'île de Cuba, il semble qu'il continue à être soumis à des «bruits et des vibrations», conduisant à des «privations de sommeil constantes et des troubles physiques et mentaux», écrit Nils Melzer.

«Aucune circonstance, aussi exceptionnelle ou argumentée soit-elle, ne peut justifier la torture», insiste-t-il, rappelant que la prohibition des mauvais traitements constitue «l'une des normes fondamentales du droit international».

Washington doit «mettre fin à sa politique d'impunité et amener les auteurs devant la justice», appelle-t-il encore.

La torture, interdite par le président Barack Obama deux jours après son arrivée au pouvoir en 2009, est revenue dans le débat public américain pendant la campagne électorale américaine qui a porté Donald Trump à la présidence.