Marc Madiot : «Il ne faut plus de malades comme Froome dans le peloton»

Marc Madiot, manageur de la FDJ et président de la Ligue, réagit à l'annonce du résultat d'analyse anormal au salbutamol du coureur britannique sur le Tour d'Espagne 2017. Il propose des solutions radicales.

El Poble Nou de Benitatxell (Espagne), le 27 août. Chris Froome pourrait être déchu de son titre sur la Vuelta.
El Poble Nou de Benitatxell (Espagne), le 27 août. Chris Froome pourrait être déchu de son titre sur la Vuelta. EPA/ JAVIER LIZON

    Le patron de l'équipe FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme estime que l'on doit tirer les bonnes leçons du contrôle anormal au salbutamol de Christopher Froome lors de la dernière Vuelta, qu'il a remportée.

    Quelle a été votre réaction en apprenant le contrôle anormal de Chris Froome ?
    Marc Madiot.
    Je me suis dit : encore un mauvais coup pour tout le monde. Il ne faut pas se voiler la face : Froome est le coureur numéro un, c'est la vitrine de notre sport. Alors, le voir pris dans cette histoire va forcément amener aux raccourcis habituels du « Tous dopés ». Froome n'avait jamais été impliqué dans un soupçon aussi fort de dopage. J'avais même l'image d'un type plutôt sympa. Attention, je ne juge pas et je ne préjuge de rien mais je constate déjà les dégâts. C'est nuisible pour tout le monde. Mais on ne peut pas rester les bras croisés.

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    Que proposez-vous?
    Il y a des instances au-dessus de nous qui doivent tirer les bonnes conséquences. Je ne parle pas de suspendre ou non Froome. Ce n'est pas mon problème. Mais si on se contente d'attendre et de dire qu'il faudra sanctionner au prochain problème, nous ne sommes pas sortis des emmerdements. Je dis juste que David Lappartient, le nouveau patron de la Fédération internationale de cyclisme, a maintenant une occasion en or de faire bouger les choses et de taper du poing sur la table.

    Comment doit-il s'y prendre ?
    Il a laissé entendre que toutes les équipes devraient suivre les règles du MPCC (NDLR : le Mouvement pour un cyclisme crédible, qui bannit le recours aux corticoides et dont font notamment partie la FDJ, AG2R ou Sunweb mais pas la Sky). Eh bien, allons-y. Arrêtons d'utiliser la cortisone, par exemple, pour soigner les blessés. Comme cela, on cessera de croire qu'il n'y a que des éclopés et des malades dans les pelotons. Et je pense même qu'il faut aller plus loin. En forçant le trait, il faut se dire qu'il ne faut plus de malades comme Froome dans le peloton.

    Pouvez-vous être plus précis ?
    On me dit que Froome souffre d'asthme. Je le comprends et il n'est pas le seul dans ce cas. Les cyclistes sont des gens comme les autres qui peuvent souffrir de ce problème à cause de la pollution, des allergies ou de l'effort. Mais le truc, c'est que, s'il est malade pendant une course, il doit la quitter. L'idée, c'est : « T'es malade ? Alors tu abandonnes. » C'est la loi du sport. Un athlète malade ne doit pas prendre le départ d'une course.

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    N'est-ce pas un peu radical comme solution ?
    Il s'agit presque d'une question de bon sens et de santé publique. Si cette règle avait été respectée, Froome aurait quitté le Tour d'Espagne et cela n'aurait pas été la fin du monde. Au lieu de ça, il se retrouve avec cette affaire bien pénible. Si on décidait de changer les règlements, cela pourrait sembler très dur. Cela pourrait me gêner dans mes courses. Mais à la fin, une telle mesure ferait plus de bien que de mal. Le vélo, c'est pour ceux qui sont en bonne santé.

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