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Les techniques d'espionnage d'Uber racontées par un ex-employé

Dans une lettre rendue publique vendredi, un ancien cadre du groupe décrit notamment les techniques de piratage informatique de concurrents et d'infiltration parmi les chauffeurs de taxis.

Par Sophie Amsili

Publié le 16 déc. 2017 à 19:55

On en sait plus sur la lettre explosive qui a entraîné le report , fin novembre, du procès qui oppose Uber à Waymo, la filiale de Google . Son contenu est, en effet, digne d'un film d'espionnage. Agents infiltrés chez les concurrents, surveillance rapprochée jusque dans leurs hôtels, piratage de données... les diverses techniques d'espionnage qu'Uber aurait utilisées sont détaillées dans ce long courrier de 37 pages écrit par un ancien cadre de la compagnie de VTC. 

Richard Jacobs, qui a intégré en mars 2016 la division en charge du renseignement international du groupe, a fait rédiger cette lettre par son avocat en mai 2017, soit un mois après avoir quitté le groupe en tant qu'employé. Il affirme être toutefois resté consultant de la compagnie californienne. 

Le département de la Justice a transmis le document en novembre au juge en charge du procès Waymo-Uber, dans lequel le premier accuse le second de « vol de brevets » à propos de la voiture autonome. Rendu public vendredi, il a été largement relayé par la presse américaine .

Piratage informatique et taupes

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Parmi les techniques d'espionnage listées dans sa lettre, Richard Jacobs décrit comment Uber s'efforçait de pirater les systèmes informatiques de ses rivaux. A l'aide de fausses cartes SIM, le groupe aurait simulé des conducteurs ou des passagers de concurrents pour avoir accès à leur application et récupérer des données. Une équipe était également chargée de récolter les informations en ligne que ces mêmes concurrents auraient par inadvertance mal protégées, une pratique dite du « fusking » à la limite de la légalité, souligne Bloomberg .

La compagnie se serait également appuyée sur des « taupes » bien intégrées. Lorsque Richard Jacobs écrit sa lettre en mai, il affirme qu'Uber bénéficie encore d'une source qui aurait accès à l'équipe dirigeante d'un concurrent. Impossible toutefois de savoir les noms des groupes espionnés : de longs passages du document ont été censurés avant qu'il soit rendu public.

Par ailleurs, Uber aurait également piraté des bases de données concernant 35.000 chauffeurs de taxis afin de chercher à les recruter. 

Un mode d'emploi pour intégrer des groupes Facebook et Whatsapp

Plus étonnant, des consultants entraînés à la CIA auraient été recrutés pour esprionner les faits et gestes des responsables d'applications concurrentes dans des hôtels et lors de conférences. Ainsi, des employés auraient été envoyés prendre en photo et vidéo les réactions de certains responsables à l'annonce d' une levée de fonds d'Uber auprès d'un fonds saoudien pour les diffuser en direct à Travis Kalanick, alors PDG d'Uber. 

Dans la rue ou en ligne, des employés du géant du VTC se seraient également fait passer pour des opposants à l'entreprise afin d'identifier les fortes têtes chez leurs adversaires. Un mode d'emploi aurait même été diffusé dans l'entreprise pour expliquer comment intégrer et surveiller des groupes de discussions privés sur Facebook et sur l'application de messagerie Whatsapp.

« Uber a employé, et continue d'employer, des techniques illégales de renseignement à une échelle mondiale », accuse Richard Jacobs dans sa lettre. « Ce comportement enfreint de nombreuses lois. » L'ex-employé affirme qu'Uber aurait profité des données recoltées illégalement pour faire gonfler sa valorisation, sans donner plus de détails.

Un accord entre les deux parties

Interrogé fin novembre dans le cadre du procès entre Uber et Waymo, Richard Jacobs affirme que son ancien employeur aurait acheté son silence pour 4,5 millions de dollars. Celui de son avocat pour 3 millions. Richard Jacobs aurait, de plus, accepté des missions pendant un an chez Uber pour mettre fin aux pratiques qu'il a décrit.

Mais l'ex-employé semblerait aussi s'être rétracté sur certaines accusations écrites dans sa lettre, selon le «   ». Preuve, selon l'avocate d'Uber, que Richard Jacobs n'est qu'un « extorqueur ».

Dans un email envoyé à ses employés fin novembre, le nouveau PDG d'Uber, Dara Khosrowshahi, avait toutefois admis que le contenu de cette lettre « était plus que suffisant » pour meriter leur attention.

Sophie Amsili

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