Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Clitoridiennes de tous les pays, unissez-vous ! »

Pour la majorité des femmes, le plaisir est avant tout clitoridien. Pourtant la sexualité reste dominée par la pratique de la pénétration. Face à ce déni généralisé, la chroniqueuse de « La Matinale du Monde », Maïa Mazaurette, appelle à un grand mouvement de libération de la parole.

Publié le 17 décembre 2017 à 06h44, modifié le 18 décembre 2017 à 12h42 Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

LE SEXE SELON MAÏA

Votre libido joue-t-elle l’autruche en cette fin d’année ? Tout est normal. Entre le mouvement #balancetonporc, la charge mentale, les révélations sur les viols de masse en Syrie, la pornification du quotidien ou le fossé salarial qui ne se résorbe pas : non seulement l’actualité sexuelle/sexuée est conflictuelle en elle-même, mais nous atteignons un point d’exaspération qui nous rapproche collectivement du point Lysistrata. Le sexe ? Sans nous. Stop. On a trop donné.

Est-ce que c’est fini, se demandent certains en s’arrachant les petites peaux autour des ongles ? Non. Qu’on parle d’abus sexuels ou de sexualisation du ménage, cette histoire-là a commencé il y a trop longtemps pour être classée comme « effet de mode ». Et puisque nous parlons tendance, puisque les femmes manifestement vident leur sac, laissez-moi vous proposer une prédiction : le prochain déferlement va tomber sur nos pratiques sexuelles concrètes – celles du couple, celles qui se déroulent dans le consentement mais pas forcément dans l’égalité.

La grande majorité des femmes sont clitoridiennes. Vous le savez. Vous l’avez lu, entendu à la radio, je vous ai moi-même assommé de chiffres cette année. Plus nous avançons sur les sentiers pas toujours commodes de la connaissance, plus nous constatons que la très artificielle division entre plaisir clitoridien et plaisir vaginal se déplace en direction du clitoris – ou plutôt en direction d’une combinaison des plaisirs. La science recolle les morceaux des femmes. En l’occurrence, plus vous êtes ambidextre, mieux c’est – mais en attendant qu’on vous greffe quelques bras supplémentaires façon Shiva, les femmes sont clitoridiennes. Certains scientifiques nient carrément l’existence de l’orgasme vaginal.

Ces faits médicaux n’ont pourtant aucun impact sur nos pratiques. Etrange, non ? Car quand on demande aux hommes de décrire leur expérience, ces derniers évoquent leur incroyable coup de chance : « Bien sûr que les femmes sont majoritairement clitoridiennes, je ne vis pas dans une grotte ! C’est seulement que moi, je ne tombe que sur des vaginales. » Pour rappel, 56 % des femmes ont déjà simulé au lit (les 44 % restantes mentent, n’ont pas compris la question ou sont trop occupées à jouer avec leur nouveau vibromasseur).

Le sexe façon « spaghettis au micro-ondes »

Le même déni est à l’œuvre autour du mouvement #balancetonporc : « Bien sûr que les femmes sont harcelées, mais moi, je ne connais aucun harceleur, d’ailleurs mon comportement a toujours été aussi nickel-chrome que la moto de Johnny. » Titiou Lecoq en fait également la remarque dans Libérées !, son récent (et très recommandable) ouvrage sur le non-partage des tâches domestiques : « Je ne rencontrais que les élues chez qui la révolution des esprits et des gestes avait déjà eu lieu (…). J’étais face à un constat classique, qui revient dans presque toutes les études sur le sujet : quand ils sont interrogés, la plupart des couples trouvent que leur propre répartition est juste. » Encore plus étrange, n’est-ce pas ? Les soucis liés au sexe et à la sexualité n’arrivent qu’aux autres. Les chiffres ? Eh bien, ce ne sont que des chiffres, justement. Abstraits, désincarnés.

Il vous reste 55.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.