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Yémen : le retour de la diphtérie, miroir de l’écroulement du système de santé

Au 4 décembre 318 cas suspects de diphtérie et 28 décès ont été signalés dans 15 des 22 gouvernorats du Yémen. La moitié de ces cas sont des enfants âgés de 5 à 14 ans et près de 95 % des personnes décédées avaient moins de 15 ans. Près d
© Florian Seriex/MSF

Au 4 décembre, 318 cas suspects de diphtérie et 28 décès ont été signalés dans 15 des 22 gouvernorats du Yémen. La moitié de ces cas sont des enfants âgés de 5 à 14 ans et près de 95 % des personnes décédées avaient moins de 15 ans. Près de 70% de tous les cas suspects se trouvent dans le gouvernorat d'Ibb.

Deux ans et demi de guerre, couplés à l’embargo imposé par la coalition menée par l’Arabie saoudite - qui s’est transformé en blocus pendant quelques semaines en novembre - ont provoqué l’effondrement du système de santé. Le risque d’une épidémie de diphtérie est de plus en plus important.

La diphtérie est une infection bactérienne contagieuse et potentiellement mortelle caractérisée principalement par une épaisse membrane grise se développant au fond de la gorge ou du nez et qui provoque des maux de gorge et de la fièvre. La vaccination est un moyen efficace de prévention.

« La diphtérie a été éradiquée dans la plupart des pays du monde à travers des campagnes systématiques de vaccination infantile, au point de devenir une maladie négligée et oubliée, rapporte Marc Poncin, coordinateur d'urgence pour MSF à Ibb. Même au Yémen, le dernier cas de diphtérie a été enregistré en 1992 et la dernière épidémie date de 1982. La guerre et le blocus en cours font reculer le système de santé yéménite des décennies en arrière. L’enjeu est crucial, car si les personnes infectées ne peuvent pas accéder régulièrement à des traitements, la diphtérie peut se propager dans le corps et être mortelle jusqu'à 40% des cas. »

Les acteurs humanitaires ont également du mal à lancer des activités de traitement et de prévention de la diphtérie en raison des difficultés persistantes pour acheminer du personnel spécialisé et du matériel essentiel dans les zones où les besoins sont les plus importants.

 « Il s'agit indéniablement d'une autre maladie causée par l'homme qui apparait dans un pays à peine remis d'une épidémie majeure de choléra - qui n'est d’ailleurs pas encore terminée », explique Marc Poncin.

« Le recul de la diphtérie s'est accompagné d'une régression des connaissances relatives à son traitement. Il est beaucoup plus difficile pour le personnel de santé d'identifier, d'isoler et de traiter les cas rapidement et efficacement. Pour être traités, les patients doivent être isolés et recevoir des antibiotiques et des antitoxines. Mais l'offre mondiale d'antitoxines, qui est l'aspect le plus important du traitement, est très limitée et il n’y en avait pas de disponibles au Yémen il y a quelques semaines. »

Pour lutter contre l'épidémie, MSF, en collaboration avec l'OMS, regroupe la plupart des antitoxines qui sont encore disponibles dans le monde et commande davantage d’antibiotiques. MSF a également mis sur pied une équipe d'intervention rapide pour dépister et identifier les cas suspects dans les communautés et fournir une prophylaxie aux personnes en contact avec un patient atteint de diphtérie.

Le 11 décembre, MSF a ouvert une unité de traitement de la diphtérie à l'hôpital Nasser de la ville d'Ibb et soutient deux autres unités de soins intensifs dans les hôpitaux de Yarim et de Jiblah. Des ambulances vont être déployées pour transporter les cas suspects à l'hôpital. De plus, MSF s’apprête à soutenir le transport d'échantillons afin de confirmer les cas et à mener des activités de promotion de la santé afin d'alerter les communautés sur la diphtérie. Dans le même temps, MSF met en place une unité de soins intensifs à l'hôpital de Sadaqa, à Aden, où 14 cas ont été enregistrés, ce qui a entraîné 4 décès.

« Nous avons visité des maisons où plus de six personnes déplacées vivent dans des conditions terribles. Cela constitue les conditions idéales pour que la diphtérie se propage. Il est donc crucial d'isoler et de traiter les patients, d'offrir des soins préventifs aux communautés affectées et de sensibiliser le public pour enrayer la propagation de la diphtérie, explique M. Poncin. Le système de santé du Yémen ne peut faire face une autre épidémie. »

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► Consulter notre dossier sur la crise au Yémen

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