H & M s'écroule en Bourse après l'un de ses pires trimestres de la décennie
Le géant suédois de l'habillement est confronté à la baisse de la fréquentation de ses magasins. Son rival Zara ralentit aussi.
Par Pierre Demoux
H & M a connu vendredi l'une des pires journées en Bourse avec un plongeon de 13,5 %. En cause : la baisse inattendue des ventes du géant suédois de l'habillement au dernier trimestre. Celles-ci ont reculé de 4 %, à 50,4 milliards de couronnes (5,07 milliards d'euros), alors que la plupart des analystes s'attendaient à… une hausse de 2 %. Un recul d'autant plus marquant que H & M n'a connu que trois trimestres de contre-performance au cours des dix dernières années, selon les données de Bloomberg.
Le cours de Bourse de H & M sur un an
« Le trimestre a été faible pour les magasins physiques de la marque H & M, affectés défavorablement par une situation de marché qui reste difficile », a expliqué le groupe. « En outre, il y a eu des déséquilibres ponctuels dans la composition des assortiments », ajoute le héraut de la fast-fashion, qui avait déjà vu, au trimestre précédent, son chiffre d'affaires pénalisé par un autre facteur : les promotions estivales, qui ont été particulièrement élevées cette année afin de liquider ses stocks.
Une stratégie remise en question
H & M subit le contrecoup des difficultés des grands centres commerciaux américains (les « malls »), qui affectent particulièrement les enseignes de mode. Ce qui laisse planer un doute sur sa stratégie d'ouvrir toujours plus de nouvelles boutiques - méthode qui en a fait l'un des plus gros vendeurs textiles de la planète.
Le groupe de Stockholm, qui compte près de 4.800 magasins dans le monde, a déjà engagé un virage vers l'e-commerce, où des nouveaux acteurs mordent de plus en plus sur son territoire (Amazon, Zalando, Asos…). Il a ainsi annoncé vendredi une accélération de sa transformation numérique : il va fermer certaines boutiques, ralentir l'ouverture de nouveaux points de vente physiques et il a signé un partenariat avec le géant de l'e-commerce chinois Alibaba pour vendre ses produits sur sa plate-forme en ligne Tmall à partir du printemps.
Inditex moins affecté
Le suédois, qui détaillera sa stratégie le 14 février, a indiqué que ses ventes sur Internet, elles, se portaient bien - sans donner de chiffres. Mais plusieurs analystes doutent de sa capacité à résister à la concurrence sur le créneau de la fast-fashion qu'il a pourtant contribué à bâtir. « La supply chain de H & M manque de réactivité, ce qui est l'un de ses problèmes structurels face aux changements rapides dans la mode », estime Cédric Rossi, chez Bryan Garnier.
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En plus des enseignes en ligne, la montée en puissance d'un Primark, avec ses prix cassés, a mis un coup à H & M, mais aussi à son grand rival, l'espagnol Inditex. Le propriétaire de Zara, Massimo Dutti, Bershka ou encore Oysho a également subi un ralentissement à l'automne : s'il n'a pas publié les résultats de son troisième trimestre, son bénéfice net sur les neuf premiers mois de l'année (annoncé mercredi) s'affiche en hausse de 6 %, quand il se montait à 9 % sur le seul premier semestre.
Toutefois, Inditex connaît un rebond de 13 % depuis le début du quatrième trimestre et semble cueillir les fruits d'une politique plus agressive sur Internet que celle de H & M ou Fast Retailing (Uniqlo). Le groupe fondé par le milliardaire Amancio Ortega a aussi poussé plus loin le modèle de la fast-fashion, avec un réseau d'usines surtout en Europe et une logistique qui lui permettent de suivre plus rapidement les évolutions des tendances de la mode.
Pierre Demoux