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« C’est compliqué d’étudier quand on vit à neuf dans un deux-pièces »

Alélie, 18 ans, raconte ses années de lycée compliquées, qui ne l’ont pas empêchée de décrocher son bac ES avec mention.

Le Monde

Publié le 18 décembre 2017 à 12h29, modifié le 18 décembre 2017 à 13h17

Temps de Lecture 3 min.

Alélie, 18 ans, étudiante à Paris.

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants de leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Alélie, 18 ans, étudiante du diplôme universitaire Paréo (passeport pour réussir et s’orienter) de l’université Paris-Descartes.

Mes parents sont tous les deux philippins. Ils n’ont jamais pu m’aider à faire mes devoirs car ils ne connaissent rien à l’éducation française. Les seules (rares) fois où je leur demande de l’aide, c’est pour des formulations en anglais.

Mon père et ma mère sont de simples homme et femme de ménage, et je n’ai pas honte. Ils ont laissé tomber leurs rêves pour travailler en France. Ils « taffent » dur afin de nous donner, à mon frère et moi, une vie qu’ils n’ont pas eu la chance de vivre.

On vit en banlieue parisienne et on vient d’un milieu entre moyen et pauvre. Ils travaillent en semaine, de 8 heures à 23 heures (voire même de 4 heures du matin à 23 heures) et le samedi de 9 heures à 18 heures. Du coup, j’ai toujours travaillé seule. Le plus dur, ça a été au lycée.

Bon, la seconde était plutôt pas mal, j’étais entourée d’amies 100 % bosseuses comme moi, que j’ai gardé jusqu’à maintenant. La même année, j’ai rencontré mon copain, avec qui je suis depuis maintenant trois ans.

Mais les deux années qui ont suivi, je les ai faites vraiment seule. En 1re, on m’a séparée de mes potes, sans raison, alors qu’on était dans la même filière. Je n’avais plus cette motivation et cette détermination que je ressentais avec elles. J’ai aussi eu une phase assez tendue dans mon couple. En parallèle, la pression de ma famille et les tensions entre des membres de ma famille m’affectaient de plus en plus. Je me réfugiais dans ma chambre, seule, en essayant de me focaliser sur le bac.

Mais c’est chaud quand on vit à cinq dans un T2. Mon frère de 8 ans dort encore avec mes parents dans le salon tandis que moi, je partage ma chambre avec ma grand-mère. C’était encore plus compliqué quand mon oncle et sa famille sont venus vivre avec nous durant mon année de terminale. On s’est donc retrouvés à 9 dans notre deux-pièces. Et du coup, trouver un créneau pour étudier était plus que compliqué. Que je fasse des nuits blanches ou que je me réveille hyper tôt le matin, c’était pareil : c’était chiant parce que je me retrouvais en classe à dormir au premier rang. Mes profs ont même pris un moment pour me parler car ils ont remarqué que je m’endormais en cours et que mes problèmes de santé étaient de plus en plus récurrents.

Mon lycée était en partenariat avec l’université Paris-Dauphine. Nous avions des cours d’initiation à l’économie pour être prêts en arrivant à la fac, et je devais avoir plus de chances d’y entrer. Mais c’était perdu d’avance parce que mon niveau n’était pas assez élevé.

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Je n’osais pas me tourner vers quelqu’un car je me suis habituée à tout faire par moi-même et je savais que les autres avaient leurs propres problèmes. Je demandais parfois de l’aide à mes profs, mais les cours me paraissaient toujours aussi flous même avec leurs explications.

Je n’arrêtais pas de comparer ma situation à celle de mes camarades de classe. Je me sentais de moins en moins bien dans ma peau car j’étais stressée, je ne mangeais plus, je ne dormais plus et je devenais vite émotive.

Malgré tout ça, j’ai pu décrocher mon diplôme du bac avec mention. Je suis maintenant étudiante à l’université. Je rencontrerai peut-être d’autres problèmes mais je crois beaucoup à ce proverbe : « Failure is a part of success ! » (« L’échec fait partie du succès. »)

La Zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des jeunes

La Zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes. La ZEP organise des ateliers d’écriture animés par des journalistes, dans des lycées, universités, associations étudiantes ou dans des structures d’insertion.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.

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