Une enquête ouverte contre Ikea pour avantages fiscaux indus aux Pays-Bas

Le géant suédois de l’ameublement est sous le coup d’une enquête de la Commission européenne.

 Selon les eurodéputés verts, Ikea aurait évité de payer au moins un milliard d'euros d’impôts entre 2009 et 2014. (Illustration).
Selon les eurodéputés verts, Ikea aurait évité de payer au moins un milliard d'euros d’impôts entre 2009 et 2014. (Illustration). LE PARISIEN/Olivier Boîtet

    Le bricolage fiscal dont est soupçonné Ikea pourrait être démonté pièce par pièce. La Commission européenne a ouvert lundi une enquête contre la multinationale suédoise, numéro un mondial de l'ameublement, qu'elle soupçonne d'avoir bénéficié d'avantages fiscaux indus de la part des Pays-Bas.

    Cette investigation est l'une des plus importantes lancées jusqu'ici par Bruxelles à l'encontre d'une multinationale européenne soupçonnée de montages fiscaux. Bruxelles a en effet fait de la lutte contre l'évasion fiscale l'une de ses priorités, comme l'avait notamment illustré à l'été 2016 le cas du géant Apple en Irlande.

    Contraire au principe de la concurrence

    Dans le collimateur de la Commission européenne : Inter Ikea, société qui exploite l'activité de franchise d'Ikea. « Nous allons procéder à un examen minutieux du traitement fiscal que les Pays-Bas leur ont appliqué », a expliqué l'exécutif européen dans un communiqué.

    LIRE AUSSI

    > Paradis fiscaux : l'UE adopte une « liste noire » de 17 pays

    La Commission européenne craint en effet qu'Inter Ikea ait obtenu « des avantages fiscaux dont ne peuvent bénéficier d'autres sociétés soumises aux mêmes règles fiscales aux Pays-Bas ». Si c'est le cas, ce serait contraire au principe de concurrence, dont la Commission est la gardienne dans toute l'UE.

    « Toutes les sociétés, grandes ou petites, multinationales ou non, doivent payer leur juste part d'impôts », a argué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué. Ikea a réagi en estimant être imposé « conformément aux règles européennes. »

    « Les Pays-Bas vont pleinement coopérer avec la Commission européenne pour l'aider dans son enquête », a promis de son côté un haut responsable néerlandais à Bruxelles.

    Un gain d'un milliard d'euros, selon les Verts

    La Commission européenne n'a pas donné de chiffre précis sur le montant des avantages fiscaux dont aurait pu bénéficier Ikea, mais, selon les eurodéputés verts, le géant suédois aurait évité de payer au moins un milliard d'euros d'impôts entre 2009 et 2014.

    Pour son enquête, Bruxelles va se pencher plus particulièrement sur deux périodes : de 2006 à 2011, puis de 2011 jusqu'à aujourd'hui.

    Pendant la première période, Inter Ikea a été autorisé par les autorités néerlandaises à verser une redevance de licence à une autre entité d'Ikea basée au Luxembourg. Ces revenus n'y étaient pas soumis à l'impôt. Selon une source proche de la Commission, sont concernées plusieurs centaines de millions d'euros pour chaque année de la période.

    Cinq enquêtes conclues

    Pendant la seconde période, de fin 2011 à nos jours, après un changement de législation au Luxembourg imposée par Bruxelles, Inter Ikea a trouvé un nouvel arrangement avec les Pays-Bas. Cette fois-ci, il s'est entendu sur un prêt octroyé par une filiale basée au Liechtenstein, qui lui a également permis d'échapper à l'impôt.

    A ce jour, la Commission européenne a conclu cinq enquêtes sur des pratiques fiscales jugées illégales, à la suite desquelles elle a ordonné à quatre pays (Luxembourg, Pays-Bas, Belgique, Irlande) d'exiger le remboursement d'avantages indus qu'elles ont accordé à de grandes entreprises, dont Starbucks (Pays-Bas ), Apple (Irlande), Amazon et Fiat (Luxembourg).