Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Pap Ndiaye : « Il existe bien un racisme structurel en France »

Face aux polémiques suscitées par les ateliers en « non-mixité raciale » organisés dans le cadre d’un stage syndical de SUD-Education 93, qui propose d’analyser le « racisme d’Etat », l’historien plaide pour « un peu d’humilité et de sang-froid », de tous les côtés.

Propos recueillis par 

Publié le 18 décembre 2017 à 12h00, modifié le 18 décembre 2017 à 12h00

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

L’historien Pap NDiaye, le 13 février 2012 à l’EHESS, à Paris.

Pap Ndiaye, professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, est spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, particulièrement celle des minorités. Auteur notamment de La Condition noire. Essai sur une minorité française (Calmann-Lévy, 2008) et Les Noirs américains. En marche pour l’égalité (Gallimard, 2009), il analyse les méthodes et la place de l’antiracisme dit « politique ».

Dans quelle démarche s’inscrivent ces réunions en « non-mixité raciale » ?

Ces réunions visent à rassembler ponctuellement des personnes qui ont en partage un ou plusieurs stigmates pour exprimer les difficultés en confiance et favoriser l’« empowerment ». Aux Etats-Unis, ce genre d’événement est courant dans la vie sociale, c’est une pratique de socialisation parmi d’autres.

Ces réunions non mixtes s’inscrivent dans une histoire longue, puisque, depuis un demi-siècle, la question a été débattue dans les milieux politisés, d’abord aux Etats-Unis chez les militants du Black Power, puis chez les militantes féministes dans les années 1970, les militants homosexuels dans les années 1980, etc. En général, même si la non-mixité n’a jamais disparu pour la socialisation, c’est l’approche « ouverte » qui a prévalu, car à chaque fois, deux problèmes épineux se sont posés : l’un à propos du tri préalable des participants, qui semble consolider les critères discriminatoires que l’on veut combattre ; l’autre à propos de l’isolement des groupes en question : ne vaut-il pas mieux construire des alliances avec toutes les personnes de bonne volonté plutôt que de se retrancher dans un entre-soi politiquement limité ?

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Les nouveaux militants antiracistes expliquent leur démarche

Quel regard portez-vous sur ces initiatives ?

Les associations spécifiques (féministes, homo, juives, de personnes racialisées, etc.) ont toute leur place dans le débat public. Elles apportent une connaissance très fine des torts et des méfaits vécus et peuvent contribuer utilement à la vie démocratique. Les causes spécifiques sont des causes d’intérêt général : faire reculer le sexisme n’est pas bénéfique qu’aux femmes, de même que lutter fermement contre l’antisémitisme est essentiel pour la démocratie.

D’un autre côté, je pense aussi que ces associations ont intérêt à se définir par leur objet plutôt que par la qualité de leurs membres. Une association noire, par exemple, a pour objet et expertise de faire reculer le racisme antinoir, ce qui est une bonne cause susceptible d’attirer des personnes de toutes origines. Il serait vraiment contre-productif de s’en passer ! Martin Luther King confiait son émotion à entendre des jeunes femmes blanches de familles aisées du nord des Etats-Unis lui dire qu’elles étaient prêtes à mourir pour les droits civiques des Noirs. Même s’il est logique que les associations spécifiques attirent majoritairement les personnes concernées au premier chef, il est néanmoins vital pour elles d’accueillir à bras ouverts toutes les personnes de bonne volonté.

Il vous reste 50.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.