Migrants : la Suisse veut redonner un nom aux personnes disparues en Méditerranée

L’Etat helvète a fait un don de quelque 340 000 euros pour identifier des milliers de migrants morts alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe.

 L’Organisation internationale pour les migrations avait évalué le mois dernier à 3033 le nombre de réfugiés morts cette année en traversant la Méditerranée. (Illustration)
L’Organisation internationale pour les migrations avait évalué le mois dernier à 3033 le nombre de réfugiés morts cette année en traversant la Méditerranée. (Illustration) Reuters

    Ne pas laisser sans nom les corps retrouvés sur les plages du sud de l'Europe. Ce lundi, à l'occasion de la journée internationale des migrants, la Suisse a versé 400 000 dollars (soit environ 339 500 euros) à la Commission internationale pour les personnes disparues pour qu'elle mène un programme d'identifications des milliers de migrants disparus alors qu'ils tentaient de gagner l'Europe.

    Le don du Département fédéral suisse des Affaires étrangères (DFAE) servira à mettre en œuvre ce programme les deux prochaines années, en tentant en particulier d'identifier les personnes ayant péri lors de la traversée de la Méditerranée.

    La Commission, née à la suite des conflits dans l'ancienne Yougoslavie, a quitté Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) en octobre pour s'installer dans la capitale des Pays-Bas. Elle y dispose de laboratoires ultramodernes permettant de rechercher des personnes disparues grâce à des tests ADN très élaborés.

    Quelque 8000 corps de migrants ont échoué sur les rives italiennes rien que ces dix dernières années, selon la directrice de la Commission (IMCP, International Commission on Missing Persons), Kathryne Bomberger.

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    Des recensements dans quatre pays

    Grâce aux fonds suisses, la Commission travaillera avec l'Italie, la Grèce, Chypre et Malte pour faire le point de la situation sur le front des personnes disparues. « Les chiffres sont considérables » et retrouver les personnes proches des personnes disparues « va être difficile », a-t-elle confié.

    La première phase du programme va consister à évaluer la situation, recenser le nombre de corps non-identifiés dans ces quatre pays où se trouvent les corps et développer la coopération entre tous les acteurs, pays et agences, travaillant sur la question.

    Récolter des échantillons d'ADN

    La deuxième phase, qui devrait débuter après 2019 et pour laquelle des fonds doivent encore être réunis, récoltera des échantillons d'ADN pour les comparer avec ceux des personnes ayant déclaré une personne disparue parmi leurs proches.

    La Commission espère également contribuer à retrouver des milliers d'enfants que l'on redoute avoir été victimes de trafiquants après avoir perdu leurs parents lors de leurs pérégrinations.

    L'Organisation internationale pour les migrations avait évalué le mois dernier à 3033 le nombre de réfugiés morts cette année en traversant la Méditerranée. Ce chiffre représente un recul de 40 % par rapport au nombre record de 5000 personnes atteint l'année dernière.

    Ce week-end, « L'Aquarius », affrété par SOS Méditerranée en partenariat avec Médecins sans frontières, avait recueilli à son bord quelque 320 naufragés.