Accueil

Société Santé
Les femmes enceintes françaises surexposées à l'arsenic et au mercure

Les femmes enceintes françaises surexposées à l'arsenic et au mercure

Par

Publié le

Une étude de Santé publique France publiée ce mardi 19 décembre révèle des taux particulièrement élevés de mercure et d'arsenic dans les organismes des femmes enceintes de l'Hexagone. Ces taux repérés chez les femmes françaises s’expliqueraient par une consommation importante des produits de la mer.

Si vous êtes enceinte, attention aux poissons pour vos fêtes de fin d’année. Santé Publique France (ex-Institut de veille sanitaire) révèle ce mardi 19 décembre que les femmes enceintes françaises seraient plus exposées au mercure et à l’arsenic que les Nords-Américaines à cause d’une consommation accrue… de produits de la mer.

La surexposition à ces polluants pourrait avoir des conséquences sur la grossesse, entraînant des risques de prématurité, de malformations congénitales, ou encore un faible poids du nourrisson à la naissance. Plus tard, la santé de l’enfant est aussi susceptible d’être amoindrie, autant dans son développement psychomoteur et intellectuel, que par une augmentation du risque de cancer.

L’étude, menée sur 4145 femmes ayant accouché en France métropolitaine (hors Corse) en 2011 (soit il y a déjà six ans !), a été réalisée à partir de prélèvements de sang, salive et cheveux. Elle fait partie du volet périnatal du programme national de biosurveillance mis en place par les ministères de la Santé et de l’Environnement.

Pesticides, bisphénol A...

En décembre 2016, Santé publique France avait déjà communiqué les résultats de la première partie de l’étude, démontrant la présence de polluants organiques chez les femmes enceintes (pesticides, composés fluorés, phtalates, bisphénol A...). Cette année, c’est celle de substances métalliques dans le corps des femmes enceintes qui est soulignée. Au total, 13 métaux ont été observés : l’antimoine, le cadmium, le chrome, le cobalt, l’étain, le nickel, le plomb, l’uranium, l’aluminium et le vanadium. Si l’uranium demeure absent des résultats, Santé publique France démontre l’exposition des Françaises à des substances cancérigènes classées certaines (l’arsenic, le cadmium, le chrome et le nickel), probable (le vanadium) et possibles (le mercure, l’antimoine et le cobalt) par le Centre international de recherche sur le cancer.

L’étude a démontré la présence d’arsenic, de cobalt et de plomb dans 100% des échantillons. Ces taux qui varient mais demeurent importants pour le nickel (à hauteur de 99%), le chrome (96%) et le mercure (91%). Les traces de plomb, de nickel et de chrome chez les femmes enceintes s’expliquent majoritairement par la consommation de tabac ; celles du mercure par l’alimentation.

"Surimprégnation"

Les résultats de cette étude paraissent bien sombres, mais sont tout de même encourageants par rapport aux années précédentes. Santé publique France souligne que la mise en place de réglementations comme la limitation de rejets industriels de mercure ou l’interdiction de l’essence au plomb a permis de faire baisser l’exposition de la population à ces métaux.

Mais, sur la période observée, la présence de mercure et d’arsenic reste toujours plus élevée en France qu’aux Etats-Unis ou en Europe de l’Est. Comme le note Le Monde, cette “surimprégnation” de la population française avait déjà été remarquée lors d’une étude réalisée par l’ENNS (Etude nationale nutrition-santé) en 2006-2007.

Pour limiter l’exposition au mercure et à l’arsenic, le Programme national nutrition santé préconise de consommer du poisson seulement deux fois par semaine, en diversifiant les espèces. En 2016, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, recommandait aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 30 mois d’éviter les produits de la mer les plus contaminés par le mercure (requins, espadons, marlins…).

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne