« Douce terre des Francs, cher pays de mon enfance », aurait sans doute sonné un peu moins bien dans la bouche de Charles Trenet, mais c’est bien l’origine du nom de notre pays. De la même manière, les Espagnols ne pensent sans doute pas aux hyracoïdes quand ils scandent « Viva España », mais c’est possiblement à ce rongeur africain qu’ils doivent le nom de leur pays – l’utilisation de la racine phénicienne « I-Sepanim » est en tout cas une des très sérieuses hypothèses.
Nous avons établi une liste de 205 pays – et nations – pour tâcher de déterminer l’origine de leur nom. Car à côté du « pays des hommes intègres » – le Burkina Faso, un des noms les plus poétiques – on trouve « l’île du roi Philippe II d’Espagne » – les Philippines – ou encore « l’île des hommes peints » qui a donné Great-Britain (et donc Grande-Bretagne).
De notre relevé de 205 noms de pays – ou de territoires, puisqu’on trouve aussi le pays de Galles, l’Ecosse ou l’Europe – se dégagent essentiellement quatre catégories :
- les noms dont l’origine est à chercher dans les particularités géographiques, les cours d’eau, les animaux, etc. ;
- ceux qui font référence à un groupe humain, à une tribu ou à un royaume ;
- ceux qui ont été baptisés en l’honneur d’un découvreur, d’un ou une souveraine, d’un dieu ou d’une déesse ;
- ceux qui tirent leur nom de leur emplacement par rapport aux autres.
Pour une petite vingtaine d’entre eux, l’étymologie est incertaine. Ces toponymes – les noms de lieux – sont parfois issus de langues anciennes ou disparues, sans qu’on en connaisse l’origine exacte.
De la « nation centrale » à la « terre aux nombreuses eaux » en passant par la « terre des Angles »
Plusieurs nations puisent simplement leur nom d’une position géographique comme le Yémen, dont l’étymologie vient de « à droite » (la racine ymn en arabe, en opposition à « à gauche »). D’autres comme Cuba (« lieu central »), la Chine (« nation centrale ») ou la République centrafricaine – la bien nommée – se placent au « centre »…
La majeure partie des nations ont un nom tiré d’une caractéristique géographique, d’un lac, d’une rivière, d’une ville, d’un royaume. On pourra retenir celui de la Norvège, qui dérive du vieux norrois « chemin du nord », celui de Malte, dont l’origine vient du grec melita, « miel ». Les cours d’eau, comme pour les départements français, ont aussi eu un certain succès, ainsi la Jordanie tire son nom du fleuve Jourdain, le Nigeria du fleuve Niger, et la Moldavie, de la rivière Moldova.
En Europe les noms de pays se rapportent en majorité à leurs habitants
Les moins poétiques sans doute, mais qui représentent la majorité des pays en Europe, sont ceux qui se rapportent à leurs habitants. L’Angleterre est une déformation du vieil anglais Englaland, pour « terre des Angles », de même que les Allemands ont hérité du nom de la tribu germanique du sud du pays, les Alamanni, ou la Belgique des Belgae. Plus au nord, le toponyme Suède (« Sverige ») vient directement de Svea Rike – rike a la même racine que reich en allemand – que l’on peut traduire par « royaume des Suédois ».
Plus marginaux, ce sont enfin les territoires qui tirent leur nom d’une personnalité ou d’une divinité. L’Europe au sens large, bien entendu, dont le nom est celui de la fille d’Agénor, princesse phénicienne de la mythologie grecque ; mais aussi le Salvador : ici aussi, il est question d’une divinité, puisqu’il s’agit du « sauveur ». L’Amérique hispanophone est bien servie en la matière : la Colombie (de Christophe Colomb), la Bolivie (de Simon Bolivar) ou le Nicaragua (du nom d’un chef de tribu) trouvent leur origine dans des noms de personnes. Les Seychelles ont quant à elles hérité du nom d’un ministre des finances de Louis XIV, Jean Moreau de Séchelles.
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