Le PS a vendu son siège et déménagera dans un quartier «plus populaire»

Financièrement exsangue après ses débâcles électorales de 2017, le parti a vendu mardi son siège historique parisien, rue Solférino. L'acheteur est un groupe immobilier français.

Rue de Solferino (Paris VIIe), le 25 novembre. Le siège historique du Parti socialiste a été vendu. L’acte de vente sera signé en février, mais les salariés continueront d’occuper l’hôtel particulier jusqu’en septembre.
Rue de Solferino (Paris VIIe), le 25 novembre. Le siège historique du Parti socialiste a été vendu. L’acte de vente sera signé en février, mais les salariés continueront d’occuper l’hôtel particulier jusqu’en septembre. LP/FRÉDÉRIC DUGIT

    Solferino, c'est vraiment fini. Le PS a annoncé mardi avoir vendu au groupe immobilier français Apsys, qui construit et gère des centres commerciaux en France et en Pologne, son siège historique, sis dans le très chic VII e arrondissement de Paris, pour la somme de 45,55 M€. Plutôt un bon prix, même si les estimations qui avaient circulé à l'annonce, l'été dernier, de la mise en vente de ce vaste hôtel particulier de 3 389 m² dépassaient nettement les 50 M€. Mais Jean-Christophe Cambadélis, alors patron sortant du parti, transformé pour l'occasion en agent immobilier, nous avait confié qu'il en attendait beaucoup moins « tant cet immeuble biscornu a[vait] besoin d'importants travaux avant de pouvoir servir de siège à une société ».

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    Manifestement, le cabinet de notaires chargé de la transaction — comme cela se produit souvent pour des ventes de telle importance — s'est montré meilleur vendeur qu'espéré par Camba... « L'offre d'Apsys, confie un haut responsable du PS, a été retenue parmi une vingtaine de propositions, dont trois sérieuses. » De fait, les socialistes, soucieux de l'image du parti, s'étaient officieusement fixé certains critères : que l'acheteur ne soit en aucun cas lié au FN, à des « financiers véreux » ou à des pays sulfureux tels que le Qatar.

    Tristes, les socialistes, de voir ainsi s'envoler le siège acquis par François Mitterrand aux plus belles heures du parti ? Pas vraiment, à entendre certaines réactions. « Avec la vente de Solfé on achève le cycle des choses compliquées pour le PS, on a tenu notre feuille de route et cela nous permet d'y voir clair financièrement pour le quinquennat », se réjouit presque l'élu francilien François Kalfon, ex-lieutenant d'Arnaud Montebourg et membre de la direction collégiale du parti. « C'est un lieu certes chargé d'histoire, mais qui n'était plus adapté au PS plus moderne que nous voulons construire », se console Rachid Temal, le premier secrétaire par intérim. Plus réservé, le député Luc Carvounas, candidat à la direction du parti, déplore qu'« on n'ait pas pris plus de temps et négocié de manière plus âpre, qu'on s'en soit tenu au prix plancher ». « J'espère que ceux qui s'en sont occupés ont vraiment fait les meilleurs choix », ajoute-t-il, non sans perfidie.

    Le PS s'installera dans un quartier «plus populaire»

    L'heure n'est de toute façon plus aux états d'âme : après la double débâcle électorale de 2017, il n'y avait plus le choix. « Cette décision a été prise pour des raisons financières après la baisse des dotations publiques à la suite des résultats des élections présidentielle et législatives », commentait hier le PS dans un communiqué. Selon son trésorier, Jean-François Debat, le budget annuel va passer de 28 à 8 M€, soit une « perte » de 100 M€ sur cinq ans par rapport au quinquennat précédent.

    Et maintenant ? En fait, les élus, cadres et permanents du parti ne déménageront pas tout de suite, le vendeur ayant obtenu le droit de disposer des locaux jusqu'au 30 septembre 2018 (l'acte de vente définitif sera signé, lui, en février). Si la recherche de locaux « plus modulables », selon un haut cadre du parti et, surtout, dans un environnement « plus populaire », est bien entamée, la future adresse est encore inconnue. D'ici là, le PS fait face à un autre (gros) cactus : le licenciement d'une soixantaine de salariés, sur un total de 100 aujourd'hui.

    Petite consolation toutefois pour la gauche, à droite, les Républicains ont annoncé qu'ils prendraient « en début d'année » la décision de vendre ou de garder leur siège de Vaugirard (XVe arrondissement) pour éponger leur dette de 55 M€.